Le seul pays du monde où, aujourd’hui, un citoyen peut être condamné à mort et exécuté pour avoir abjuré la religion d’État est l’Afghanistan. Son président Hamid Kharzaï, de double nationalité états-uno-afghane et ancien cadre de la compagnie pétrolière Unocal, a en effet tenu à ce que la nouvelle constitution soit basée sur l’interprétation locale de la charia. Et celle-ci impose l’exécution de toute personne renonçant à sa foi musulmane.
Le choix des États-Unis n’a rien à voir avec une concession face aux réalités d’une société marquée par les Talibans. Il est au contraire le fruit d’une stratégie de domination qui s’appuie sur les pouvoirs cléricaux. Ainsi, en Irak « libéré », les États-Unis ont abrogé la laïcité pour imposer une constitution fondée sur la charia.
Le quotidien mooniste Washington Times daté du 24 mars 2006 rapporte le cas médiatique d’Abdul Rahman, un Afghan âgé de 41 ans qui s’est converti au christianisme et risque de se voir infliger pour cela la peine capitale. La médiatisation soutenue de ce cas aux États-Unis, probablement due au fait qu’il s’agit de la vie d’un nouveau chrétien, a incité la secrétaire d’État Condoleezza Rice, qui ne s’était pas exprimée sur les nombreux cas précédents, à intervenir cette fois personnellement auprès de M Kharzaï. Ironie suprême, celle-ci a pourtant déclaré « Il s’agit clairement d’une décision afghane. C’est un pays souverain. ». Quid de l’ingérence au nom des droits de l’homme et de la liberté dans l’Afghanistan post-Talibans ? S’agit-il uniquement de contrôler un corridor énergétique et de préserver la nouvelle production d’héroïne ? Le Washington Times se garde bien de trancher ces questions. Quoi qu’il en soit, d’après les personnes interrogées par le quotidien, cet homme est de toutes façons condamné à la vindicte populaire.
Et nous sommes priés d’accepter qu’un pays qui fut bombardé sur fond de campagne médiatique contre le port de la burka, pour être soit-disant libéré du joug d’un régime obscurantiste, fasse toujours exécuter des citoyens en raison de leurs croyances religieuses.