Q – Alors que les Iraniens continuent à vouloir développer leur programme nucléaire, est-on vraiment dans une situation difficile ?

R - Le dossier iranien dépend maintenant des Iraniens eux-mêmes. En effet, au Conseil de sécurité une déclaration présidentielle a été acceptée par la communauté internationale tout entière, en particulier par les Russes, les Chinois et, évidemment, les Américains et les Européens. En effet, nous voulons bien redire aux Iraniens qu’ils n’ont pas le droit de continuer à mener des activités nucléaires sensibles, y compris pour l’enrichissement de l’uranium pour des raisons de recherche et de développement.

A l’issue des 30 jours, ils devront nous répondre et, s’ils ne le font pas, il faut s’attendre à plus de fermeté de la part de la communauté internationale.

Q - Sous quelle forme accentuerez-vous votre pression ?

R - Nous verrons. Il y a encore un délai et nous espérons encore pouvoir renouer le dialogue avec les Iraniens, il faut que la raison puisse l’emporter, il faut qu’ils comprennent que, bien sûr, ils ont le droit à une énergie nucléaire à des fins civiles, mais pas pour d’autres raisons.

Q – Mais, à chaque fois que vous faites preuve de fermeté, les sondages sont en augmentation en Iran en faveur du président Ahmadinejad ?

R - Chaque fois que l’on se bat contre le programme nucléaire iranien, on a tendance à se demander si le président iranien n’augmentera pas sa popularité dans les sondages iraniens.

Nous devons aussi parler aux opinions publiques d’un sujet majeur qui est celui des Droits de l’Homme.

Il y a encore un droit de lapidation en Iran, un droit qui autorise aussi que l’on puisse exécuter des personnes, y compris des mineurs, qu’il n’y ait pas de liberté pour la presse : ce sont des sujets qui sont attentatoires aux Droits de l’Homme et qu’il faut dénoncer.

Q –Il semble difficile de réformer la France aujourd’hui ?

R - Nous sommes aujourd’hui dans un monde globalisé, il y a une compétition extrême entre les pays, les Etats-Unis le savent. La Chine, l’Inde, le Brésil sont des pays émergents et il est donc normal que nous soyons attentifs au coût du travail, au droit du travail et que nous ne soyons pas isolés dans notre système d’emploi protégé.

Ceci passe par des réformes, par des remises en cause et il est normal que, chaque fois qu’il y a une réforme, il y ait une discussion importante. Les Français s’expriment et sont, par définition, à la fois très républicains et très revendicatifs. Nous l’avons toujours été, nous le serons toujours.

Q - Mais c’est plus qu’une discussion, c’est de la passion, une grande passion ?

R - Non, en France, c’est souvent le cas. J’ai été responsable d’une grande réforme de l’assurance maladie il y a deux ans, réforme qui a vraiment changé les choses. Grâce à cette réforme, près de 8 milliards d’euros, soit près de 10 milliards de dollars, ont été économisés en un an et il n’y a eu personne dans la rue.

Cette fois-ci, on change un peu, un tout petit peu pour les jeunes de moins de 26 ans, les conditions d’embauche, et il se trouve qu’ils descendent dans la rue. On ne peut pas toujours savoir au départ comment les gens réagiront. Ce que je sais, c’est que ce sont des idées qui s’imposent au monde entier, elles s’imposeront donc en France et je voudrais vous dire que la croissance en France n’a jamais été aussi élevée dans la période récente, 2,7 % cette année. Nos exportations sont également élevées et le déficit de notre pays diminue.

La politique économique est en train de fonctionner, la France est en train de sortir de l’ornière pour réussir à conquérir des marchés, ce n’est donc pas le moment de tout gâcher en mettant un coup d’arrêt à l’activité économique.

Q – Mais toutes ces réformes donnent une image négative de la France à l’étranger.

R - La vie politique française est faite de telle manière que la démocratie bouillonne, c’est une bonne chose et nous sommes tout à fait confiants dans l’avenir de notre pays.

Q - Et le gouvernement ?

R - Le gouvernement a une très large majorité aujourd’hui avec plus de 300 députés et, comme vous le savez, nous avons encore 13 mois de travail. Nous continuerons à travailler pendant ces 13 mois qui doivent être des mois utiles, efficaces et non pas des mois consacrés uniquement à la préparation de l’élection présidentielle.

Il y a un temps pour tout, il faut le savoir./.