Le Cavaliere, Silvio Berlusconi, ne semble pas prêt à accepter sa défaite dans le dernier scrutin. Ayant rassemblé ses sympathisants devant son domicile à Rome, il a déclaré publiquement sa « résistance » contre tous ceux qu’ils l’ont donné perdant dans ces élections. Sa défaite démocratique ne l’empêche pas de donner l’impression qu’il est le gagnant.
Dans le même cadre, Massimo D’Alema- le président du parti de la gauche démocratique- a appelé l’ex Premier ministre à reconnaître, d’abord, sa défaite et la légitimité de Romano Prodi pour former un nouveau gouvernement et pour mener les négociations entre les deux coalitions qui aboutiront, peut être, à un accord sur la nomination du nouveau Président de la république. Le Cavaliere a alors proposé un « arrangement historique Berlusconien » : une grande coalition. Un arrangement qui ressemble beaucoup à celui qui a eu lieu à la fin des années 70 entre les communistes et les chrétiens démocrates. Ainsi propose-t-il de former un gouvernement basé sur « un accord limité temporellement, et capable de faire face aux engagements constitutionnels et économiques internes, et aux engagements internationaux que le pays doit assumer ».
Une « grande coalition » n’est qu’un fruit d’une flagrante falsification de la vérité. Berlusconi le légitime en affirmant : « Nous sommes dans un état de stagnation et devant une situation dont le vote populaire, s’il est pris pour critère, ne définit ni gagnant ni perdant ». C’est son point de départ pour mettre en œuvre sa propre définition du principe des « grandes coalitions ». Une définition dont la date de validité est courte, comme l’expérience allemande nous l’a déjà prouvé.

Source
Dar Al-Hayat (Royaume-Uni)
Dar al Hayatest un quotidien arabe de politique international, basé au Royaume-Uni. Tirant à 110 000 exemplaires, ce journal mêle des articles purement informatifs et un grand nombre d’analyses et d’éditoriaux écrits par des intellectuels du monde arabe. L’une des figures les plus éminentes de la rédaction est Jihad Al Khazen, figure détestée des éditorialistes néo-conservateurs états-uniens. Libanais à l’origine, il a été racheté en 1990 par le prince et maréchal saoudien Khaled ibn Sultan.

« بيرلوسكوني وسراب « الائتلافات العريضة » », par Massimo Giannini, Alhayat, 19 avril 2006. Cet article a d’abord été publié dans La Repubblica.