La semaine dernière, Michael Moore a annoncé que Disney aurait refusé de distribuer son film Fahrenheit 9/11, mais comme toutes les affirmations de Moore, il faut être extrêmement prudent tant il aime se mettre en scène. Il semble que Moore ait choisi de faire cette révélation, d’une information connue depuis un an, juste avant le festival de Cannes où il est en compétition officielle pour se faire de la publicité. La complainte de Moore était également typique de son style : si on est contre lui, on fait partie de la conspiration des grandes entreprises.
Son film Bowling for Columbine était lui aussi truffé d’imprécisions et d’inexactitudes. Le titre même se fonde sur une affirmation douteuse : les deux assassins du lycée de Columbine auraient fait un bowling juste auparavant. La première scène du film le montrant ouvrir un compte qui permet d’obtenir un fusil a également été montée de façon à ce qu’on croît qu’il l’obtient immédiatement alors que d’après la banque, il s’est passé six semaines entre les deux évènements afin que toutes les vérifications aient lieu. Il ne s’agit là que des premières minutes du film. Plus tard, il affirme que les États-Unis ont versé, entre 2000 et 2001, 345 millions de dollars aux Talibans alors qu’il ne s’agissait que d’un don à un programme d’aide alimentaire de l’ONU aux populations afghanes souffrant de la famine. La thèse du film elle-même est très contestable : la violence des individus aux États-Unis est le reflet de la violence de l’État. Il met ainsi en parallèle le fait que le meurtre de masse de Columbine a eu lieu le jour où les États-Unis ont déversé le plus de bombe sur la Yougoslavie. Il n’y a pourtant aucun rapport entre le renversement d’un dictateur et un crime de masse et dans ces conditions les Britanniques devraient avoir eux aussi de nombreux crimes et ce n’est pas le cas.
Il ne faudra pas prendre Fahrenheit 9/11 plus au sérieux.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« If It’s Moore, It’s Less Than Honest », par Kay Hymowitz, Los Angeles Times, 11 mai 2004.