L’ancien ministre travailliste Michael Meacher relève dans le Guardian que, selon les autorités états-uniennes, Al Qaida aurait aujourd’hui 50 000 hommes répartis dans 65 pays, et serait donc bien plus dangereux qu’avant la guerre d’Irak et même qu’avant le 11 septembre. De leur propre aveu la guerre au terrorisme a donc échoué. La seule vraie solution serait d’ordre politique. Elle suppose le retrait de la Coalition d’Irak et la construction d’un État palestinien viable.

Joseph Wakim de l’Australian-Arabic Council observe, dans The Age, que les tortures en Irak ne sont pas des bavures contraires aux valeurs états-uniennes, comme le prétend George W. Bush, mais les conséquences d’un endoctrinement anti-Arabe. Comme l’a analysé feu Edward Saïd, l’Occident a construit son identité par opposition à un Orient imaginaire où les Arabes ont été diabolisés. Et ces préjugés ont été renforcés par le discours du président Bush.
La romancière irakienne Haifa Zangana, qui fut elle-même torturée par les sbires de Saddam Hussein à Abu Graib, résume dans le Guardian ce qui a changé : on a remplacé un bourreau par un autre. Les Irakiens ne demandent pas d’excuses, mais la liberté.

Les intellectuels européens atlantistes ont adapté leur discours aux réactions négatives de l’opinion publique après la révélation des tortures en Irak. Pascal Bruckner présente ce nouvel argumentaire dans Le Figaro. En premier lieu, l’essayiste reconnaît l’évidence : l’intervention de la Coalition a échoué à apporter la démocratie. Mais cette critique, qui est d’autant plus virulente qu’elle est incontournable, vise, dans un second temps à resservir d’anciennes conclusions : l’Europe doit s’impliquer aux côtés des Etats-Unis en Irak. Ce serait un moyen de moraliser l’occupation et d’apporter de l’aide aux populations. L’efficacité de ce discours tient dans sa capacité à occulter l’agression de la Coalition et la résistance populaire irakienne pour mieux conforter le mythe de la libération bénévole, mais mal préparée.

Frank J. Gaffney Jr, le coordinateur des faucons, prend la défense de Donald Rumsfeld dans le Washington Times. Il s’agit de renverser la campagne des démocrates exigeant la démission du secrétaire à la Défense, et de la retourner contre John Kerry. L’argument classique consiste à souligner que la vacance du poste qui en résulterait serait mise à profit par « les ennemis de l’Amérique ». Ce devrait être suffisant pour faire taire en quelques jours l’opposition politique, mais ce sera inefficace face à la fronde des généraux. Ces derniers espérant précisément reprendre du pouvoir à la faveur d’une absence de cabinet politique au Pentagone.
Kay Hymowitz du Manhattan Institute répond dans le Los Angeles Times à un autre péril : le prochain film de Michael Moore. Le cinéaste ne serait qu’un saltimbanque approximatif qui se ferait de la publicité, à la veille du festival de Cannes, en mettant en scène une prétendue censure de son dernier film. Mais au vu des approximations du précédent, il n’y aurait aucune raison de prendre ses œuvres et lui-même au sérieux. Mais alors, que craint M. Hymowitz et pourquoi en parle-t-elle ?