Pour le politologue et éditorialiste libanais Rami Khouri, l’attitude occidentale vis-à-vis de la Palestine risque de transformer l’affaire en une cause « civilisationnelle » plutôt que nationaliste, créant des parallèles dangereux avec d’autres conflits politiques au Proche-Orient. « Des centaines de milliers de jeunes arabes se sentent déjà trahis et floués par l’Occident dans cette affaire. Cela risque de sérieusement compromettre les efforts de de ceux au sein du Hamas et des organisations comme les Frères Musulmans qui soutiennent le processus démocratique. Encore une fois, l’administration Bush et l’Occident renforcent le camp de ceux qui prônent la confrontation violente et la lutte armée ».

Pour le politologue britannique David Hirst « C’est clair comme de l’eau de roche et ce n’est pas nouveau : plus les Arabes en général et les Palestiniens en particulier se rapprocheront de la démocratie - sponsorisée par les États-unis ou non - plus leur approche vis-à-vis des colonies ira à l’encontre de celle des États-unis et d’Israël. Ceci a encore une fois été prouvé de manière éclatante avec l’arrivée au pouvoir démocratiquement élu du Hamas. Le président Bush n’a pas perdu de temps à déclarer : « Nous soutenons la démocratie, mais cela ne signifie par pour autant que nous soutiendrons des gouvernements élus grâce à la démocratie ». Et son administration s’est depuis efforcée d’orchestrer en Palestine un « changement de régime » à l’envers.

Cette stratégie a trouvé des complices plus ou moins consentants - Européens, autres pays Arabes, même des Palestiniens. Mais c’est un jeu risqué : plus il renforcera son attitude face à l’opposition qu’il suscite, plus il court le risque de plonger la région dans un chaos déjà préfiguré par cette autre opération coloniale de l’Occident qu’est l’Irak d’aujourd’hui.

Même si les États-unis réussissaient à chasser le Hamas du pouvoir, ce succès - tout comme le renversement militaire de Saddam Hussein - serait une catastrophe, plongeant la Palestine dans une guerre civile et créant une situation totalement opposée au projet états-unien de créer un Proche-Orient moderne, démocratique et pro-occidental. Aujourd’hui la guerre civile entre le Hamas et le Fatah est imminente. Il n’est pas du tout certain que le « camp états-unien » dans ce conflit va gagner. Comme le dit l’ancien gouverneur des territoires occupés, le colonel israélien Ilan Paz, « Si le Fatah n’a pas réussi à contrecarrer le Hamas alors que lui-même était au pouvoir, comment pourrait-il le faire maintenant que le Hamas est aux commandes et que lui-même est atomisé et discrédité dans la population ? »

Pour le politologue et éditorialiste libanais Rami Khouri, l’attitude occidentale vis à vis de la Palestine risque de transformer l’affaire en une cause « civilisationnelle » plutôt que nationaliste, créant des parallèles dangereux avec d’autres conflits politiques au Proche-orient.

« Des centaines de milliers de jeunes arabes se sentent déjà trahis et floués par l’Occident dans cette affaire. Cela risque de sérieusement compromettre les efforts de de ceux au sein du Hamas et des organisations comme les Frères Musulmans qui soutiennent le processus démocratique. Encore une fois, l’administration Bush et l’Occident renforcent le camp de ceux qui prônent la confrontation violente et la lutte armée ».

« Punishment of Palestinians will create a crucible of trouble for the world », par David Hirst, The Guardian - Grande Bretagne, 29 mai 2006