Dorénavant les responsables d’entreprises aux États-unis pourront s’abriter derrière le secret d’État pour refuser de fournir des éléments ou leur comptabilité aux organismes de régulation financière, voire à leurs actionnaires. Au nom de la sécurité nationale, John Negroponte, nommé par George W. Bush pour diriger la super agence de renseignements chapeautant toutes les autres, a fait discrètement passer un décret dans ce sens, signé du président, dans le Federal Register (journal officiel), ce 5 mai 2006.

Peu de gens savent que, depuis la présidence de Jimmy Carter, les présidents états-uniens ont l’autorité d’exempter des entreprises travaillant sur certains projets de défense top-secrets de l’application de la loi Securities Exchange Act de 1934, qui oblige les entreprises cotées en bourse à fournir des comptes aux autorités de régulation des marchés. Mais c’est la première fois dans l’histoire des États-unis qu’une telle autorité est déléguée à une autre personne en dehors du Bureau ovale. Le timing de cette décision fait également débat. Elle intervient en effet le même jour que la démission du directeur de la CIA et la même semaine que la révélation que la National Security Agency (NSA) a espionné les appels téléphoniques de millions de citoyens états-uniens. John Negroponte supervise la CIA et la NSA en tant que directeur du National Intelligence.

« Intelligence Czar Can Waive SEC Rules », par Dawn Kopecki, Business Week, États-Unis, 30 mai 2006.