Un ambassadeur européen présentera à l’Iran le 6 juin les détails d’une nouvelle proposition visant à la cessation du programme nucléaire militaire iranien, a déclaré la secrétaire d’État américaine, Mme Condoleezza Rice, lors de diverses interviews accordées aux principales chaînes de télévision américaines le 4 juin.

Mme Rice a indiqué qu’il s’agissait d’une proposition à deux voies, l’une projÉtant des négociations au cas où l’Iran accepterait de suspendre son programme d’enrichissement de l’uranium, l’autre prévoyant de nouvelles mesures de la part du Conseil de sécurité des Nations unies au cas où l’Iran refuserait de le suspendre.

La secrétaire d’État s’est cependant abstenue de dévoiler les détails de l’une ou l’autre de ces voies tant qu’elles n’auraient pas été présentées aux autorités iraniennes.

« Il faut que l’Iran prenne connaissance de ces propositions, mais pas par les journaux », a souligné Mme Rice à l’émission « Late Edition » de CNN. « Les parties ont décidé de ne rien divulguer de l’une ou de l’autre voie. »

Sans désigner de date butoir pour une réponse de l’Iran aux propositions spécifiques, le chef de la dipomatie américaine a dit que l’affaire ne pouvait pas traîner indéfiniment, car « le programme nucléaire iranien avance, et la communauté internationale doit savoir s’il existe une option de négociation qui ait quelque chance de se matérialiser ».

Les tensions entre l’Iran et la communauté internationale se sont progressivement détériorées depuis le mois de janvier, lorsque l’Iran a mis fin à un moratoire de 14 mois de ses activités d’enrichissement de l’uranium et a abandonné les pourparlers avec un groupe de trois États européens : le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne.

La proposition adoptée le 1er juin à Vienne par les ministres des affaires étrangères du Royaume-Uni, de la Chine, de la France, de l’Allemagne, de la Russie et des États-Unis comporte une nouveauté capitale, à savoir que des diplomates américains seraient prêts à engager des pourparlers directs avec l’Iran, une éventualité que les États-Unis écartaient depuis 27 ans.

Selon Mme Rice, l’offre de se joindre aux négociations au cas où l’Iran renoncerait à son programme d’enrichissement s’inscrit « dans la logique d’une politique qui est en place depuis plus d’un an ».

Interrogée à l’émission « Face the Nation » de la chaîne CBS au sujet des premières réactions négatives des dirigeants iraniens (le président Mahmoud Ahmadinejad réaffirmant, par exemple, le 3 juin, que l’Iran refuserait de renoncer à son programme nucléaire comme condition préalable aux négociations), la secrétaire d’État a déclaré qu’il fallait « donner à la diplomatie un peu de temps », ajoutant : « Nous n’allons pas réagir à tout ce que disent les dirigeants iraniens » depuis deux ou trois jours.

La proposition offrira clairement à l’Iran « une occasion de sortir de cette impasse favorablement, avec un programme nucléaire civil qui serait acceptable aux yeux de la communauté internationale ».

« Personne ne conteste le droit des Iraniens de se doter d’une capacité d’énergie nucléaire civile, a-t-elle dit. Beaucoup de pays qui n’enrichissent ni ne retraitent l’uranium sur leur territoire possèdent cette capacité. Vu l’histoire de l’Iran, il ne faut pas que ce pays se dote des moyens techniques de fabriquer une arme nucléaire. »

Mme Rice a également minimisé l’importance d’un avertissement lancé plus tôt ce jour-là par le guide spirituel de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, à savoir que toute « erreur » de calcul de la part des États-Unis « compromettrait gravement les flux énergétiques dans cette région ».

« À mon avis, il ne faudrait pas exagérer la portée d’une menace de ce genre », a déclaré Mme Rice à l’émission « Fox News Sunday », en faisant observer que l’Iran était lui-même fort tributaire de ses recettes pétrolières. « Je crois que le budget iranien est financé à environ 80 % par ses revenus pétroliers. Il s’ensuit que toute perturbation du marché coûterait extrêmement cher à l’Iran. »