Alors que son « cousin Albert » revient sous les feux de la rampe avec une tournée de présentation de son film écologiste sur le réchauffement climatique, le célèbre écrivain états-unien Gore Vidal, parent proche de l’ancien vice-Président des États-Unis, se méfie ouvertement de lui, dans un entretien au magazine de gauche en ligne Guerilla News Network. Pour lui, Al Gore se sert simplement des idées progressistes et écologistes pour revenir à la tête du Parti démocrate.

« Bien que nous soyons cousins et que j’ai été un très bon ami de son père, j’ai toujours pensé qu’il n’avait absolument aucune légitimité politique. C’est juste un énième gars du Sud, un conservateur vivant près de la frontière avec le Mexique, adorateur de l’armée. Avec lui, le Pentagone n’avait qu’à demander pour l’obtenir. Et cousin Albert n’hésitait pas un instant quand le Pentagone venait frapper à la porte. Il a rompu avec son parti en 1991 et a été parmi les dix démcorates qui ont voté publiquement pour le Guerre du Golfe de George Bush senior.

De fait, Al Gore, avant de se lancer dans la course à la Maison-Blanche, a eu un parcours politique plutôt conservateur. Il a soutenu les anti-avortement tout au long de sa carrière et a été gratifié d’une note de 84/100 par le lobby anti-avortement National Right to Life Committee.

De 1979 à 1981, il a voté cinq fois en faveur d’une loi du Pati républicain accordant une exemption fiscale aux écoles fondamentalistes, telles que la Bob Jones University qui discrimine pourtant selon des critères raciaux. Il était ouvertement anti-gay, affirmant que l’homosexualié est “anormale” et “pathologique” allant jusqu’à dire, en 1984 dans le Tennessee qu’il “ne pensait pas que c’était un mode de vie acceptable et que la société ne devrait pas l’encourager”.

Gore a toujours apporté son soutien politique au lobby des armes à feu – en 1985 il a voté contre la loi instaurant une période d’enquête de 15 jours avant la vente d’une arme de poing. Le directeur de la National Rifle Association, Wayne LaPierre a affirmé la même année : “Nous aurions pu proposer Al Gore comme Homme de l’année de la NRA, tout le monde aurait voté pour lui.” Et lors de l’élection d’un juge à la Cour suprême, il a apporté sa voix au conservateur Antonin Scalia, contre le candidat soutenu par son propre camp. Si le public avait été mieux informé de son parcours, il aurait eu du mal à reconnaitre celui qui se présentait soudain à l’investiture du Parti démocrate. »

« Some Inconvenient Truths About Al Gore », par Gore Vidal, Guerilla News Network, États-Unis, 6 juin 2006.