Professeur émérite à l’université de Buffalo, dans l’Etat de New-York, Bruce Jackson est également le rédacteur en chef du journal en ligne BuffaloReport.com. Il fait partie de l’association des vétérans du Vietnam pour la paix.

« Ce sont les mêmes imbéciles, à My Lai comme à Haditha qui ont appuyé sur la gachette, mais qui a mis les fusils entre leurs mains, et pour quel but ? Les barbares à Abou Ghraib ont commis ces abominations, mais qui étaient leurs leaders spirituels et moraux ?

Étaient ils mauvais, ces tortionnaires et assassins ? Qu’en est-il de ceux qui les ont envoyés là-bas et qui leur ont donné les instructions ? Qui a dit aux sauvages dans l’unité du Sergent Calley (NDT : commandant de l’unité responsable du massacre de My Lay lors de la guerre du Viet-Nam) que nous avions le droit de nous occuper du pays en lieu et place (et contre l’avis) des Vietnamiens ? Qui a dit aux tortionnaires d’Abou Ghraib et aux assassins d’Haditha (sans oublier les assassins et les tortionnaires dans tous ces autres endroits dont nous n’avons pas entendu parler parce que les nettoyeurs ont bien fait leur travail) que nous avions le droit de dire aux Irakiens comment ils doivent gérer leur pays ?

Qui était ce mec qui se tenait debout, en uniforme de pilote de chasse, sur le pont d’un porte-avion, avec l’entrejambe rembourrée, et qui nous disait que notre puissance nous avait été octroyée par Dieu, qu’elle tirait sa légimité du canon d’un fusil et que si cela ne nous plaisait pas, tant pis pour nous, on avait encore rien vu ?

Tous ces soldats : l’unité sanguinaire du Sergent Calley, les sadiques d’Abou Ghraib, les assassins d’Haditha qui, rien que dans une maison, ont abattu de sang froid des enfants agés de 14, 10, 5, 3 et 1 ans... le problème avec tous ces soldats n’est pas qu’ils n’avaient pas été suffisamment formés - comme le Pentagone voudrait nous le faire croire. Au contraire. Le problème est qu’ils ont tous parfaitement compris les leçons qui leur ont été inculquées. »

« Why Haditha Happened - Who Put the Guns in Their Hands and to What End ? », par Bruce Jackson, Counterpunch, États-Unis, 5 juin 2006.