Le gouvernement iranien est oppresseur, corrompu, craint par ses voisins et haï par son peuple, mais il sait bien diriger ses services de renseignement.
Selon la presse, citant une source de la Defence Intelligence Agency, le programme de récolte d’information de l’Iraqi National Congress d’Amhed Chalabi était une façade des services de renseignement iranien qui l’aurait utilisé pour faire attaquer Saddam Hussein, leur ennemi mortel, par les États-Unis. Comme les États-Unis ont donné des millions de dollars au programme, il faut conclure que Washington a financé les opérations de tromperie de l’Iran. Si cela est vrai (le « si » est important), l’Iran a réussi l’une des plus belles opérations secrètes de l’Histoire, un coup comparable à l’« opération confiance » de l’URSS avant la Seconde Guerre mondiale.
L’opération confiance avait consisté à créer un faux groupe de Russes blancs qui fut largement financé par les gouvernements d’Europe occidentale pour mener la résistance contre les Bolcheviques en Russie alors qu’il ne faisait que fournir les fonds reçus à Moscou et qu’il envoyait, par la désinformation, de vrais groupes de résistants anti-soviétiques à la mort. La ruse fonctionna six ans avant d’être découverte. Il est difficile de savoir si l’INC est une réactualisation de cette opération, mais le fait même que cela soit possible en dit long sur le manque de capacité des États-Unis dans le renseignement humain.
Les États-Unis ont un avantage technologique dans le renseignement sur l’Iran et Al Qaïda, mais la transparence de la société états-unienne nous limite dans le domaine du renseignement humain. George Tenet a affirmé qu’il faudrait cinq ans pour adapter le renseignement humain des États-Unis à la nouvelle guerre, le Congrès doit lui donner les moyens de mener cette réforme.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Sometimes, It’s a Simple Game of Spy Versus Spy », par Thomas Patrick Carroll, Los Angeles Times, 25 mai 2004.