Pendant les premières 24 heures du coup d’État qui a brièvement renversé mon gouvernement le 11 avril 2002, je m’attendais à tout moment à ce qu’un de mes geôliers vienne me tirer une balle dans la tête pour affirmer que je m’étais suicidé. Mais quelque chose d’extraordinaire est advenu : la vérité sur le coup d’État a éclaté, des millions de Vénézuéliens sont descendus dans la rue et cela a renforcé les militaires démocrates qui ont pu renverser la brève dictature de Pedro Carmona. La vérité a sauvé ma vie et la démocratie et cette expérience nous a changé, moi et mon pays.
Les divisions politiques au Venezuela n’ont pas commencé avec mon élection en 1998. Mon pays, pourtant riche en pétrole, a été divisé socialement tout au long de son histoire et la majorité des Vénézuéliens restent pauvres. Ce qui fait enrager mes opposants, ce ne sont pas les inégalités, mais le fait que je consacre une partie des revenus du pétrole à l’amélioration des conditions de vie de mes concitoyens. En 6 ans de présidence, les dépenses de santé ont doublé, le budget de l’éducation a triplé et la mortalité infantile a fortement diminué. L’alphabétisation et l’espérance de vie ont, pour leur part, augmenté.
Après avoir échoué à me renverser en 2002 et bloqué la compagnie pétrolière nationale en 2003, mes opposants tentent cette année d’obtenir les signatures nécessaires pour organiser un référendum national sur ma destitution, comme le prévoît notre constitution. Le Conseil électoral national, une organisation indépendante, a estimé que 375 000 des signatures récoltées étaient fausses et 800 000 posaient problème. Il a invité l’Organisation des États américains et le Carter Center à participer à un nouveau décompte à la fin du mois pour démontrer la transparence du processus.
J’espère que le référendum aura lieu afin que je puisse prouver à mes opposants que j’ai le soutien du peuple mais, quoi qu’il en soit, moi et mes partisans avons affirmé que nous respecterions les résultats du processus de décompte. Mes opposants ont pour leur part affirmé qu’ils n’accepteraient qu’un décompte en faveur du référendum. En 2002, l’administration Bush a été seule dans son soutien au coup d’État. Je souhaite qu’aujourd’hui elle respecte le processus démocratique et accepte les résultats, comme le reste de la communauté international.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« Ready for a Recall Vote », par Hugo Chavez, Washington Post, 26 mai 2004.