Après une déclaration sévère faite à Vilnius par le vice-président américain Richard Cheney, des publications alarmantes ont supposé qu’une "guerre froide" recommençait, ou même qu’elle n’avait jamais cessé, écrit Mikhaïl Marguelov, président du Comité des affaires internationales du Conseil de la Fédération, dans la Rossiïskaïa gazeta.

Mais la situation occupée aujourd’hui par la Russie dans la politique mondiale est telle qu’une "guerre froide" avec qui que ce soit, surtout avec les Etats-Unis, est exclue. Un monde unipolaire sous l’hégémonie des Etats-Unis n’est pas apparu, en tout cas, les relations internationales n’ont pas été mises au pas. Il n’y a rien d’étonnant à ce que n’importe quel conflit d’intérêts soit expliqué en des termes hérités de l’histoire. Un mot sera un jour choisi pour définir notre époque, mais, pour l’instant, on parle du monde de "l’après guerre froide", rien de plus.

La "guerre froide" a pris fin, car les changements radicaux qui se sont produits à cette époque-là ont préparé une nouvelle carte du monde qui ne comporte pas de prémisses pour une nouvelle guerre de ce genre. Il n’y a plus d’opposition de deux systèmes et de contradictions idéologiques, à l’instar des antagonismes entre le communisme et le capitalisme.

Il est vrai, une rivalité se ressent dans les relations entre Russie et Etats-Unis. Cela est devenu flagrant lorsque la Russie a essayé d’appliquer une politique étrangère indépendante. Les Américains ont tout de suite qualifié cette indépendance de "politique de dissuasion envers les Etats-Unis". D’ailleurs, les experts américains reconnaissent que les Etats-Unis appliquent également une "politique de dissuasion envers la Russie", entre autres, dans l’espace de la CEI (Communauté des Etats Indépendants).

Les Etats-Unis veulent entretenir des contacts avec la Russie lorsque cela est dans leur intérêt. Dans les autres cas, l’Amérique ne tiendra pas compte de l’avis de la Russie. Je ne crois pas que cette prise de position soit prometteuse, car les domaines où la coopération avec les Etats-Unis est avantageuse pour la Russie peuvent ne pas correspondre aux domaines avantageux pour les Etats-Unis. C’est un partenariat fragile, mais, ce n’est tout de même pas une "guerre froide", d’autant plus que la politique des Etats-Unis est bien plus raffinée que les déclarations de ceux qui l’appliquent.

Sans politique indépendante, il n’y aura ni Etats-Unis, ni Russie. La Russie a essayé dans les années 90 de jouer les "good boy" selon la notion américaine, mais elle a failli disparaître de la carte politique du monde. La Russie est un pays trop grand pour ne pas avoir de politique étrangère indépendante, c’est pour elle une forme d’existence.

Source
RIA Novosti (Fédération de Russie)