Durant la semaine dernière, je me suis exercée à un travail mental macabre : imaginer que j’ai cinq minutes pour sortir de ma maison pour ne jamais y revenir. Que prendre avec moi ? On ne peut jamais tout prendre en cinq minutes. Dans mon calme voisinage de Jérusalem ouest, l’exercice semble absurde, mais à Rafah, dans la bande de Gaza, ce scénario s’est produit des centaines de fois la semaine dernière.
Entre le 15 et le 16 mai, l’armée israélienne a détruit 116 maison et transformé 1100 personnes en sans abris selon l’estimation de notre organisation. Depuis, janvier, l’armée israélienne a détruit 284 maisons, laissant 2184 Palestiniens sans abris. La destruction des maisons a généralement lieu la nuit. Les propriétaires ont juste le temps de prendre leurs enfants avant de fuir sans rien prendre d’autres.
Israël affirme que ces opérations lui ont permis de détruire des tunnels servant à faire passer des armes qui auraient pu servir à des attaques contre des civils israélien. Israël a le devoir de défendre ses civils, mais pas en employant n’importe quels moyens. Il faut respecter les lois de la guerre et refuser à l’armée l’autorisation de détruire 2000 habitations de plus comme elle le demande. Ces destructions rendraient sans doute la vue de l’armée plus facile, mais rien ne prouve que chaque destruction soit nécessaire. Aucun de nos maux ne justifie les souffrances d’innocents.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Demolishing Houses, and Lives », par Jessica Montell, Los Angeles Times, 26 mai 2004.