Aux États-unis la gauche religieuse est en marche. Ses leaders prêchent contre la pauvreté, la guerre en Irak et la pollution de l’environnement. Hillary Clinton et le Parti démocrate misent sur cette vague de fond. La fin de la présidence Bush annonce-t’elle également le déclin de la droite religieuse ? L’hebdomadaire allemand Der Spiegel a enquêté sur ce mouvement :

_Partout aux États-unis se forme la "Religious Left", la gauche religieuse. Et, si l’on croit une étude récente de l’Université d’Akron, 27 % de la population états-unienne s’identifie à ce mouvement. Elle est encore loin de concurrencer la droite religieuse (38 %), mais plus importante déjà que le camp des laïques avoués (21 %).

_Pas un mois sans que la gauche chrétienne n’organise une grande conférence ou publie un livre expliquant comment faire pour arracher à la droite le monopole du message religieux. « Ils nous ont volé Jésus », tel est leur slogan. À les entendre, cela fait bien trop longtemps que les fondamentalistes chrétiens, qui ont trouvé porte ouvert chez le président George W. Bush, dominent les débats sociaux. Au lieu de mobiliser ses troupes contre l’avortement, le mariage homosexuel et la théorie de l’évolution, la gauche religieuse états-unienne préfère diriger son énergie contre la pauvreté dans son propre pays, la guerre en Irak ou la pollution de l’environnement. Et le Parti démocrate, qui avait jusque-là une position mitigée sur la religion, découvre soudain des alliés dans ce camp, traditionnellement inféodé à la droite.

« Die Rückeroberung von Jesus Christus, par Sebastian Heinzel, Der Spiegel, Allemagne, 4 juin 2006.