L’agenda des rencontres internationales de ces prochains jours est prévisible. On parlera de l’élargissement de l’Europe et de ses aspirations ou non-aspirations à devenir une vraie puissance dans le monde, le désordre en Irak et le « Grand Moyen-Orient » mais une autre question domine le débat actuel comme jamais auparavant durant les dernières décennies : l’antiaméricanisme. Cela a été particulièrement frappant à la conférence annuelle de la Commission Trilatérale à Varsovie.
Face au déluge de mauvaises nouvelles et aux commentaires unanimement négatifs concernant la tournure des évènements en Irak, mon instinct me dit d’aider mon ami dans les difficultés mais il ne s’agit pas que d’instinct car une défaite états-unienne en Mésopotamie aurait de graves conséquences des deux côtés de l’Atlantique. Les abus contre les prisonniers en Irak doivent donner lieu à des condamnations, mais où étaient les légions d’accusateurs quand Saddam Hussein commettait des méfaits incomparables ?
L’Antiaméricanisme n’est pas né hier ou de l’intervention en Irak. Le paradoxe est qu’il existe également aux États-Unis, dans une partie des médias et de l’intelligentsia. Il s’accompagne du discours anticapitaliste classique mais, plus troublant, il s’accompagne de connotations antisémites. Je suis certain cependant que cet antiaméricanisme ne sera pas décisif dans la vie internationale sur le long terme car il est anachronique, que dans le domaine culturel tout ce qui vient de l’Amérique garde un attrait mondial et que l’Europe et l’Amérique restent les premiers partenaires commerciaux.
Aujourd’hui, les États-Unis demandent une internationalisation du conflit en Irak et cette question sera abordée au prochain sommet de l’OTAN. La France et l’Allemagne y sont notoirement défavorables, ils ne doivent toutefois pas mettre leur véto à un déploiement des forces de l’OTAN dans le pays. L’alliance atlantique, seule organisation internationale à n’accepter que des démocraties, peut aider à la reconstruction de l’Irak.

Source
International Herald Tribune (France)
L’International Herald Tribune est une version du New York Times adaptée au public européen. Il travaille directement en partenarait avec Haaretz (Israël), Kathimerini (Grèce), Frankfurter Allgemeine Zeitung (Allemagne), JoongAng Daily (Corée du Sud), Asahi Shimbun (Japon), The Daily Star (Liban) et El País (Espagne). En outre, via sa maison-mère, il travaille indirectement en partenarait avec Le Monde (France).

« The U.S. needs help, not bashing », par Otto Lambsdorff, International Herald Tribune, 27 mai 2004.