La proposition de Robert Kagan de refonder le pacte transatlantique pour lutter contre le terrorisme suscite deux réponses dans Le Figaro.
L’ancien secrétaire d’État à la Défense, Jacques Boyon, considère que les divergences entre les États-Unis et l’Europe sont culturelles : les Européens n’ambitionnent pas de gouverner le monde tandis que les « Américains » négligent les conséquences de leurs initiatives. De son côté, l’ancien Premier ministre français Michel Rocard estime que les deux partenaires sont d’accord pour identifier la menace, mais divergent sur la manière d’y faire face. Les Européens privilégient le « soft power » lorsque c’est possible.
Voilà qui éclaire les comportements à défaut d’identifier les mobiles. Comme le sous-entend Jacques Boyon, la fin ne peut être distinguée des moyens. En l’occurrence, le néo-colonialisme en Irak est une traduction concrète de l’impérialisme C’est pourquoi, contrairement à ce qu’écrit Michel Rocard, il n’y a pas d’unanimité sur l’identification de la menace. Beaucoup, nous compris, aux États-Unis comme en Europe, pensent que la menace principale, c’est l’impérialisme militaire.

À propos de l’Irak, deux analystes de la Rand Corporation, James Dobbins et Philip H. Gordon, dressent l’état des divergences au sein de la classe politique washingtonienne. Ils remarquent dans le Washington Post que, pour maintenir ouvertes les deux options de retrait ou de maintien en Irak, il faut d’abord changer de tactique militaire sur le terrain. Si les États-Unis ne renoncent pas immédiatement à l’usage de l’artillerie et aux actions militaires contre les civils, ils dresseront définitivement la population contre eux rendant leur défaite inéluctable.

Chaque protagoniste des conflits actuels tente de trouver dans sa vision du passé des justifications à ses actions actuelles ou des condamnations de ses adversaires.
C’est pourquoi Walter Reich accuse diverses personnalités européennes de se taire face à de nombreux massacres et de réserver à Israël les comparaisons au nazisme. Dans le Los Angeles Times, il y voit une manifestation d’antisémitisme. D’une part, c’est mal connaître l’ ?uvre des personnalités qu’il incrimine, d’autre part, ce type de comparaison a aussi été utilisé, il y a quelques jours, par un ministre israélien sans que l’on puisse raisonnablement y voir une manifestation d’antisémitisme.
En marge des célébrations du D-Day, Gérard Henderson du Sydney Institute se fait un plaisir de rappeler dans The Age quelques vérités à propos de la Seconde Guerre mondiale pour enjoindre les Français à la modestie. La France a perdu les guerres de 1940, d’Indochine et d’Algérie, et a continué à se déshonorer du Rainbow Warrior au Rwanda. Dont acte, mais en quoi cela répond-il aux arguments français au Conseil de sécurité à propos de l’invasion de l’Irak ?
The Independent reproduit deux extraits de discours des candidats John Kerry et George W. Bush à propos des gloires militaires états-uniennes. M Kerry affirme sans sourciller que la force des États-Unis, c’est le respect dont ils jouissent en tant que force motrice de la survie de la liberté dans le monde. Tandis que George W. Bush proclame que « l’Amérique » a consenti aux plus hauts sacrifices pour libérer le monde du nazisme. Le lecteur regrette qu’un M. Henderson ne soit pas là pour leur répondre. Il rappellerait que la Guerre mondiale n’a pas commencé en Europe, en 1939, mais en Asie, huit ans plus tôt avec l’invasion de la Mandchourie par le Japon ; que les États-Unis sont entrés en guerre lorsque leur empire a été menacé par les Japonais dans le Pacifique, alors qu’ils soutenaient les deux camps adverses en Europe ; qu’ils commirent des crimes contre l’humanité en détruisant Dresde et Tokyo et en bombardant Hiroshima et Nagasaki. Enfin, bien que l’Union soviétique ne soit plus là pour réclamer sa part d’honneur, il est indélicat d’attribuer la victoire au sacrifice des 300 000 morts États-uniens en passant sous silence celui de 17 millions de Soviétiques.
Si la propagande donne toujours raison aux vainqueurs, l’Histoire est plus exigeante.

Enfin, Daniele Capezzone et Matteo Mecacci s’indignent de la suspension pour trois ans du statut consultatif du Parti radical transnational (PRT) par la Commission des ONG de l’ONU. La Commission, dominée par les « communistes » et les « islamistes », aurait sanctionné le soutien apporté par le PRT à des militants politiques vietnamiens persécutés par leur gouvernement. Le lecteur se demandera sur quelles bases des États comme la Fédération de Russie et la Côte d’Ivoire peuvent être qualifiés de communistes ou islamistes. De même, il observera que ce n’est pas un soutien à une formation politique qui est reproché au PRT, mais aux actions terroristes de cette formation. Un débat qui trouve sa place dans le Washington Times en exhalant un parfum suranné de Guerre froide.