Deux mois après les premiers essais d’armes chimiques sur le front belge, à Ypres, qui avaient fait 20.000 morts côté français et canadien, l’armée allemande teste sur le front russe un nouveau gaz, inventé par son chimiste en chef, Fritz Haber (Prix Nobel de chimie en 1918). Le phosgène est une combinaison de chlore et d’oxyde de carbone. Mais les premiers tests sur le terrain échouent à cause de la météo... Haber demande donc à tester sa nouvelle invention sur des prisonniers de guerre. Le 3 juin, un millier de prisonniers russes sont regroupés dans la forêt de Grdono et exposés aux gaz. Tous meurent dans d’atroces souffrances. Le lendemain l’armée allemande bombarde les lignes russes aux obus de phosgène, faisant 10.000 morts et des milliers de blessés. Les témoignages des effets des gaz à Ypres comme à Halb sont tellement horribles que l’épouse de Fritz Haber le supplie de cesser la fabrication de ces armes. Devant son refus, elle se suicidera le 10 juin. Agnostique de culture juive, Fritz Haber fuira l’Allemagne en 1939, quand les nazis se mettront à utiliser les recettes des gaz qu’il a inventés.