Le site d’information et de débats des musulmans francophone, Oumma.com, a publié, en octobre dernier, une longue critique du dernier ouvrage de François Burquat. « L’islamisme à l’heure d’Al-Qaida », Editions La Découverte, Paris octobre 2005 .

Jour après jour, les politiques inspirées par l’amalgame entre islamisme et terrorisme contribuent à renforcer la radicalisation de la mouvance politique qu’elles prétendent combattre. À rebours de ce simplisme dangereux, François Burgat, en s’appuyant sur l’expérience de dix-huit années passées dans le monde arabe et de nombreuses enquêtes au sein des mouvances islamistes, propose dans ce livre une analyse essentielle pour comprendre un phénomène bien plus divers et complexe qu’on ne le dit trop souvent.

Il montre l’importance de distinguer l’engouement postcolonial pour le « parler musulman » - que, pour des raisons essentiellement identitaires, partagent les islamistes - et l’origine, souvent très profane, des conflits qui déchirent cette région du monde. L’émergence des Frères musulmans en 1928, « première temporalité » de l’islamisme, a répondu, explique-t-il, au tête-à-tête colonial. Après les indépendances, la deuxième temporalité a été celle des désillusions d’une décolonisation inachevée et, progressivement, de la poussée répressive de ces « Pinochet arabes » que l’Occident va soutenir aveuglément. La « troisième temporalité », celle de la radicalisation sectaire de la « génération Al-Qaida », est l’écho du durcissement arrogant d’un ordre américain trop peu universaliste, de l’« emmurement » désespérant de la Palestine et de l’occupation militaire des terres pétrolières du Moyen-Orient.

« L’islamisme à l’heure d’Al-Qaida », Oumma.com, France, octobre 2005.