L’administration Bush et certains membres du Congrès jouent à un sale jeu avec le sida et d’autres questions de santé globale en diminuant les moyens de la recherche publique au profit de la droite religieuse. Tommy G. Thompson, le secrétaire à la Santé a annoncé que seuls 50 scientifiques états-uniens seraient envoyés à la conférence internationale sur le sida à Bangkok alors que lors de la précédente édition de cette conférence, à Barcelone en 2002, les États-Unis en avaient envoyé 236. Le financement de cette conférence par les États-Unis est également passé de 3,6 millions de dollars en 2002 à moins de 0,5 million aujourd’hui.
Les grands perdants de cette politique sont les médecins des pays les plus pauvres qui se forment durant ces conférences. En outre, beaucoup de conférences annexes sur le sujet ont également été annulées faute de financement de la part des États-Unis.
Aux États-Unis, le Global Health Council qui tenait jeudi son congrès annuel à Washington a dû se passer de financement public pour la première fois depuis 31 ans car il demande de donner des cours d’éducation sexuelle, de contrôle des naissances et sur les drogues aux jeunes états-uniens. Cette conférence avait également le tort d’accueillir des groupes que la droite religieuse considère comme favorables à l’avortement. Bush a affirmé que la lutte contre le sida est un combat sacré, mais sa politique consiste pourtant à obéir davantage à la droite religieuse qu’à aider ceux qui combattent réellement cette maladie. Ainsi, si le financement de la conférence de Bangkok a été revu à la baisse c’est parce que des parlementaires républicains menés par Mark E. Souder estimaient choquant que la conférence de Barcelone parle plus du préservatif que de l’abstinence et de la fidélité et que le Vatican n’ait pas été invité. Ils rappelaient que c’est en insistant sur la fidélité et l’abstinence que l’Ouganda avait enregistré des succès, oubliant que le pays mène aussi une campagne pour les rapports protégés. Ils ont demandé que la conférence de Bangkok laisse plus de places aux approches fondées sur la foi.
Il est insupportable que les efforts internationaux pour faire face à la pandémie soient minés par un agenda états-unien étroit.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« This Nasty Game Is Scored in Lives », par Laurie Garrett, Los Angeles Times, 30 mai 2004.