Diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Lyon, enseignant à l’ENS et auteur de Immigration postcoloniale et mémoire (L’Harmattan), le politologue Abdellali Hajjat analyse et démonte le cliché qui consiste à lier les révoltes dans les banlieues à l’absence de structures dans ces quartiers populaires.

En effet, selon ce cliché, si le mouvement ouvrier d’antan avait été capable de structurer son action en termes de politiques révolutionnaires, le sous-prolétariat du 21è siècle, supposé être principalement originaire de « l’immigration post-coloniale », ne peut rien faire d’autre que de produire des explosions de violence occasionnelles et irrationnelles, qui ne trouvent leur sens que dans les commentaires de spécialistes nostalgiques du mouvement ouvrier.

Si ce discours est loin de la vision schématiques des idéologues sécuritaires, il partage avec eux l’idée que les émeutes ne sont pas des actes politiques, qu’elles n’ont aucune valeur, puisqu’elle flambent dans un désert politique.

« Depuis quelques jours, des dynamiques politiques se déclenchent dans les banlieues populaires. A Vénissieux et à Clichy-sous-Bois, des espaces de discussion commencent à se créer sous une forme ou une autre. Les militants d’hier, dégoûtés de l’engagement politique des vingt dernières années, reviennent sur le devant de la scène locale. Malgré la diversité des contextes locaux, il semble que l’on fait le même constat : une force politique majeure peut exister dans les banlieues populaires, et elle pourrait se concrétiser lors des élections municipales de 2008.  ».

« Abdellali Hajjat : les quartiers populaires français ne sont pas un « désert politique » », par Abdelalli Hajjat, Oumma.com, 20 novembre 2005.