Victor Comras, ancien membre du Groupe d’experts de l’ONU sur le terrorisme, se plaint dans le Washington Post du manque de coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme. Ainsi, le groupe pour lequel il travaillait a compilé des informations sur les Talibans et sur les camps de Ben Laden en Afghanistan, mais il a échoué à rassembler des informations précises sur Al Qaïda en tant qu’organisation terroriste internationale. Il préconise donc la création d’une base de données internationale à son sujet. Cependant, on pourrait objecter à M. Comras que l’absence d’information sur Al Qaïda ne résulte pas nécessairement d’un refus des États membres de transmettre des informations, d’autant que les États-Unis qui avaient souhaité ce groupe de travail ne demandaient qu’à le renseigner. Il se peut que, tout simplement, personne n’ait d’information sur Al Qaïda. La seule preuve que nous ayons de l’existence d’Al Qaïda en tant qu’organisation terroriste internationale, ce sont les attentats du 11 septembre, mais, selon Downing Street, la seule preuve que nous ayons qu’Al Qaïda a commis ces attentats, c’est que c’est la seule organisation terroriste internationale qui ait eu la capacité de le faire. Le serpent se mord la queue. En d’autres termes, personne, et pas même les États-Unis, n’est actuellement en mesure de donner des informations prouvant qu’Al Qaïda existe en tant qu’organisation terroriste internationale et encore moins qu’elle soit responsable des attentats aux États-Unis.

George Galloway qui, après avoir été exclu du parti travailliste britannique, a décidé de présenter des candidats sous l’étiquette « Respect » aux élections européennes, dresse le bilan des mensonges politiques de la guerre d’Irak. Il observe dans le Guardian que si des patrons de presse ont démissionné et des journalistes ont présenté leurs excuses, aucun responsable politique n’a démissionné pour avoir, volontairement ou involontairement, embarqué le pays dans une guerre illégitime. Il faut donc utiliser le scrutin de la semaine prochaine pour chasser ceux qui n’ont pas eu la dignité de partir.
Le sénateur républicain John McCain, dont on ne sait toujours pas précisément s’il votera Bush ou Kerry, défend la Croix-Rouge et les Conventions de Genève dans le Wall Street Journal. Il rappelle aux lecteurs du Wall Street Journal que l’on ne peut lancer une guerre au nom de valeurs que l’on se refuse à respecter. Une mise au point qui en dit long sur la conscience que les élites anglo-saxonnes ont du décalage entre leur discours et leurs intérêts, et de la difficulté à faire le grand écart.
L. Gordon Crovitz, vice-président du Wall Street Journal, dresse l’éloge de l’attaque israélienne contre le réacteur nucléaire irakien Osirak, en 1981. « L’opération Babylone » empêcha définitivement Saddam Hussein de se doter de l’arme atomique et rendit possible « Tempête du désert » (1991) et « Libération de l’Irak » (2003). Ce rappel historique permet de glorifier les méthodes du général Ariel Sharon, alors ministre israélien de la Défense, et de justifier la doctrine Wolfowitz des frappes préventives. A contrario, elle montre l’importance des intérêts israéliens dans les deux guerres du Golfe.

Le Monde ouvre un débat sur le projet de Constitution européenne. Pour Jacques Myard, député UMP souverainiste, le moment est révolu où l’Europe était porteuse de valeurs non partagées par ses voisins et l’on ne voit plus pourquoi les États européens devraient fusionner. Il faut donc abandonner le projet supranational qui est dépassé et en venir à un système de coopération institutionnalisé. Au contraire, pour Hubert Haenel, sénateur UMP fédéraliste, le projet de constitution est un moyen efficace de renforcer la démocratie et d’affirmer un projet politique commun. C’est un projet grandiose qui incarne le progrès.
L’emphase de M. Haenel est peut-être justifiée, mais ses arguments ne répondent en rien à ceux de M. Myard.

Alors que se tient à Genève une réunion des pays donateurs, Samantha Power et John Prendergast soulignent dans le Los Angeles Times que l’accord de paix au Soudan montre qu’il est possible de régler aussi le drame du Darfour. Tandis que, dans Le Figaro, huit personnalités françaises et italiennes invitent la communauté internationale à faire pression sur le gouvernement de Khartoum pour qu’il désarme les milices arabes. Ces prises de position interviennent après le succès de la diplomatie états-unienne qui a réussi à mettre fin à une guerre de vingt-et-un an, mais dans un contexte d’instrumentalisation internationale du conflit du Darfour visant à opposer arabes et noirs dans le continent africain.