Ce printemps marque le troisième anniversaire de la vague de répression au cours de laquelle le régime de Fidel Castro a arrêté et infligé de longues peines d’emprisonnement à 75 dissidents cubains. Peu après était fondé le Comité international pour la démocratie à Cuba. Le souvenir de ceux qui se sont courageusement dressés contre le communisme reste vivace dans ma mémoire et c’est pourquoi, il y a trois ans, je me suis décidé à mobiliser la communauté internationale sur cette question et à soutenir les opposants.
Alors, l’Union européenne avait décidé de mettre en place des sanctions contre Cuba. Mais depuis, elles ont été suspendues et les dissidents se sont même clairement vu signifier qu’ils n’étaient pas les bienvenus dans les ambassades de plusieurs pays démocratiques. En retour, le régime cubain a fait un soi-disant geste en libérant quelques-uns des prisonniers politiques, torturés et gravement malades pour la plupart, dont le régime craignait qu’ils ne meurent dans ses célèbres prisons. Pour ceux qui vivent dans les nouvelles démocraties post-communistes, ces tergiversations ne rappellent que trop les stratégies en vigueur à l’époque du rideau de fer.
Des organisations respectées comme Reporters sans frontières ou Amnesty international ont rassemblés de nombreux dossiers sur les violences et intimidations que subissent les libre-penseurs cubains, souvent sous couvert de violences de rue.
Qui mieux que les Européens, qui ont donné naissance au communisme, l’ont exporté dans le monde entier et en ont ensuite chèrement payé le prix pendant des décennies, peut connaître les tourments endurés par le peuple cubain ? L’humanité paiera le prix du communisme jusqu’à ce que nous apprenions à lui faire face avec toute la responsabilité et la fermeté politique nécessaire. Les représentants des États-membres de l’UE se réuniront à Bruxelles à la mi-juin pour décider d’une politique commune vis-à-vis de Cuba. Les diplomates européens devraient mesurer les conséquences d’une adaptation au régime de Castro.

Source
Die Welt (Allemagne)
Le Matin (Maroc)
El Tiempo (Colombie)
Los Tiempos (Bolivie)

« El discreto terror de Fidel Castro », par Václav Havel, Madeleine Albright, André Glucksmann, Arpád Göncz, Vytautas Landsbergis et Adam Michnik, El Tiempo, 23 mai 2006.
« Der diskrete Terror Castros », Die Welt, 24 mai 2006.
« Terreur tranquille chez Fidel Castro », Le Matin, 31 mai 2006.
« El discreto terror de Fidel Castro », Los Tiempos, 5 juin 2006.