La polémique enfle en Australie après les propos tenus par George W. Bush, le 3 juin. À l’issue d’un entretien officiel avec le Premier ministre John Howard à la Maison-Blanche, le président des États-Unis a donné son point de vue sur la campagne électorale australienne. Il a déclaré qu’une victoire de Mark Latham serait un « désastre » dans la mesure où celui-ci s’est engagé à retirer les troupes australiennes d’Irak avant Noël. Pire encore que ce serait un encouragement « à ceux qui veulent tuer des vies innocentes parce qu’ils pensent que l’Occident et le monde libre sont faibles ». Dans The Age, l’ancien Premier ministre libéral Malcolm Fraser tente de clamer le jeu en renversant le propos : les déclarations de Bush sont une ingérence dans la vie démocratique australienne, mais ils ne doivent pas conduire à rejeter les États-Unis, car Bush ne sera peut-être plus longtemps président.

Des torrents d’hagiographies continuent de ruisseler après le décès de Ronald Reagan.
Le ministre israélien Natan Sharansky se rappelle avec émotion l’enthousiasme qui fut le sien, dans un goulag soviétique, lorsqu’il entendit parler de ce président états-unien qui dénonçait l’Empire du Mal. À côté de cela, il n’est pas bien grave que Reagan ait souvent confondu des leaders politiques les uns avec les autres, note-t-il dans le Jerusalem Post.
Bob Dole exprime son admiration devant une personnalité qui a imposé un style dont ses successeurs actuels continuent à s’inspirer. Il célèbre surtout dans le New York Times l’homme qui a rendu la liberté 700 millions de personnes retenues derrière le rideau de fer. C’est d’ailleurs là une rengaine à la mode : on attribue à Reagan la responsabilité d’avoir fait chuter l’URSS, même si l’événement est arrivé trois ans après la fin de son mandat. Le même pouvoir a longtemps été attribué, avec la même emphase, à Jean-Paul II.
Il n’est donc pas inintéressant de lire le point de vue de Mikhail Gorbatchev qui fut, quoi qu’on en dise, le véritable acteur de cet événement. Il se contente, dans l’International Herald Tribune de saluer la dimension humaine de son ancien adversaire. Et de souligner que sous des allures dogmatiques, Reagan était en fait un pragmatique, ce qui permis d’éviter tout affrontement.

Le chroniqueur militaire William M. Arkin revient dans le Los Angeles Times sur la polémique opposant le journaliste du New Yorker Seymour Hersh au Pentagone. Le célèbre investigateur accuse le secrétaire à la défense d’avoir autorisé des opérations secrètes à la prison d’Abu Ghraib, ce que récuse Donald Rumsfeld. Le Congrès enquête. En réalité, cette polémique est l’arbre qui cache la forêt : qu’il y ait eu ou non des opérations secrètes à Abu Ghraib, il y en a de très nombreuses ailleurs. Elles échappent toutes au contrôle du Congrès, portent en elles tous les risques de bavures, et n’ont aucunement fait la preuve de leur efficacité. À ce jour, elles n’ont pas accru la sécurité des États-Unis.

Le député atlantiste Pierre Lelouche dénonce dans l’International Herald Tribune l’anti-américanisme des Français qui se cache derrière un anti-bushisme. Il en veut pour preuve que les reproches faits à Bush portent sur des orientations qui lui sont souvent antérieures. Mais on pourrait pousser le débat plus loin en se demandant en quoi remettre en cause la politique extérieure des Etats-Unis sur une longue durée serait un signe d’anti-américanisme.

Enfin, Madeleine Albright, qui ambitionne de devenir la secrétaire d’État de John Kerry, et Robin Cook, qui a renoncé à être le ministre des Affaires étrangères de Tony Blair, interpellent le G8 dans le Los Angeles Times. Il est indispensable, selon eux, d’avancer dans la sécurisation des sites nucléaires et dans l’organisation de la non-prolifération.