En 1983, j’étais dans une petite cellule en Sibérie quand nous entendirent parler de « l’indignation » de la presse soviétique face à la « provocation » de Ronald Reagan : il avait qualifié l’URSS d’ « Empire du mal ». Les dissidents étaient enthousiastes : enfin un dirigeant du monde libre disait la vérité. Je ne pensais pas que je le rencontrerai 3 ans plus tard et que je pourrai lui raconter cette histoire et pour lui dire qu’il avait eu raison de présenter la Guerre froide comme une lutte entre le Bien et le Mal.
Ses opposants aimaient le présenter comme un simplet qui voyait le monde au travers d’un prisme idéologique primitif car il utilisait souvent des plaisanteries et des anecdotes pour expliquer sa pensée. Ils ne comprenaient pas que, par ce biais, il délivrait des vérités fondamentales. On se moquait de lui car il confondait les dates et les noms (une fois il m’a dit qu’il avait appelé le ministre des Affaires étrangères soviétique M. Sharansky et il m’a appelé Edouard Chevardnarze), mais ce qui importait vraiment c’est qu’il ne se trompait pas sur les questions morales et qu’il ne confondait pas la liberté et la tyrannie, les démocrates et les terroristes.
Grâce à lui, des millions de personnes ont obtenu la liberté et ils lui disent merci.

Source
Jerusalem Post (Israël)

« The prisoners’ conscience », par Natan Sharansky, Jerusalem Post, 7 juin 2004.