Un an après l’arrivée de Mahmoud Ahmadinejad au pouvoir, le régime iranien persiste dans sa volonté de développer l’arme atomique et de développer sa mainmise sur l’Irak tandis que le mécontentement prend de l’ampleur en Iran. En mai, un vent de révolte a grondé dans les villes de quatre provinces de l’ouest du pays à majorité Azéris, faisant dix morts. Une déferlante de trois cent mille personnes a traversé Tabriz. Au même moment, une vague de protestations étudiantes balayait le pays. Pendant la grève des chauffeurs de bus de Téhéran, en mars, plus de 1 000 personnes ont été arrêtées. Des grévistes ont eu la langue tranchée. Dans le sud-ouest du pays, à Ahwaz, plusieurs manifestants arrêtés, ont été pendus en public. Des villages ont été bombardés.
Ces mouvements ont un message clair : les Iraniens veulent un changement et sont prêts à en payer le prix. La thèse officielle de l’élan national autour du nucléaire n’est qu’un mensonge. La population sait qu’elle sera la première victime d’une dictature consolidée par la bombe. L’enjeu est de savoir si une dictature religieuse qui opprime son peuple et veut instaurer un empire intégriste peut s’armer de la bombe atomique ou non. Mais, alors que le peuple iranien montre chaque jour dans ses manifestations qu’il est prêt au changement, l’Occident préfère offrir des mesures incitatives au régime et impose des restrictions à la Résistance, qu’il taxe de « terrorisme ».
Nous sommes opposés à une intervention militaire qui ne ferait qu’attiser les souffrances du peuple iranien mais des négociations entre les États-Unis et l’Iran n’aurait pour effet qu’un échec cuisant. On n’évitera pas la guerre avec une politique de complaisance.
Alors qu’il réprime sauvagement les revendications des Iraniens, le régime joue à merveille la victime innocente de la communauté internationale. Il exploite à cet effet les conséquences dramatiques du conflit en Irak et abuse des sentiments légitimes de l’opinion publique et des associations pacifistes contre la guerre pour les attirer dans son giron. Il faut éviter ce piège. Se limiter à lancer le slogan « non à la guerre » sans donner d’alternative, c’est précisément ce que souhaitent les mollahs.
la seule option est le changement démocratique en Iran qui passe par les iraniens et la résistance.

Source
Le Figaro (France)
Diffusion 350 000 exemplaires. Propriété de la Socpresse (anciennement créée par Robert Hersant, aujourd’hui détenue par l’avionneur Serge Dassault). Le quotidien de référence de la droite française.

« Non, les Iraniens ne veulent pas tous la bombe ! », par Maryam Radjavi, Le Figaro, 29 juin 2006.