L’invasion violente de Gaza, semant la destruction à un niveau inimaginable, ne fait qu’alimenter deux grands périls pour Israël. Le premier danger est que le gouvernement Olmert mène une politique de gouvernement Likoud II, à la fois cruel et malchanceux, incapable d’accepter le « document des prisonniers ». Le second danger découle de la même paralysie de la pensée : le nouveau gouvernement croit en la vertu de la fixation unilatérale des frontières afin d’annexer des territoires.
Ariel Sharon savait que la nouvelle frontière n’apporterait pas la paix et ne protègerait pas la population. Mais Sharon ne voulait pas la paix ou un accord. C’est pourquoi la victoire du Hamas ne change rien. Ce qui est honteux, c’est que les travaillistes soient tombés dans le piège. Olmert va continuer cette politique et fixer seul des frontières qui n’apporteront pas la paix.
Aujourd’hui, dans le Sud, les Palestiniens entreprennent des actes de terrorisme, puisqu’ils visent délibérément des civils. Mais ils se voient répondre par des actes de contre-terrorisme encore plus violents. Il n’y a donc pas de limites dans ce conflit entre ce qui est acceptable et ce qui en l’est pas. Aujourd’hui, à Gaza, il n’y a pas de frontières nettes entre combat légitime et action menée dans le but de détruire une population civile.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« Suffering from a paralysis of thought », par Ze’ev Sternhell, Ha’aretz, 30 juin 2006.