Jauger, recruter et entraîner des espions a longtemps été un travail clé des officiers de la CIA, mais aujourd’hui ce sont eux qui sont jaugés, recrutés et entraînés, parfois juste à la sortie de la cafétéria de l’agence. Les compagnies privées cherchent en effet des employés hautement entraînés pour remplir des contrats gouvernementaux. Avec la démission de George Tenet et les auditions de la Commission d’enquête sur 11 septembre, on assistera sans doute à une restructuration majeure des services de renseignement états-unien. Or, les discussions sur la création d’un poste de directeur du renseignement et sur la réorganisation des agences ont laissé dans l’ombre la question de la privatisation des espions.
Aujourd’hui, la CIA a des moyens, mais les incertitudes sur son avenir ne lui permettent pas de former une nouvelle génération d’espion. Son personnel à certains postes clé est issu d’entreprises privées, elles mêmes presque entièrement composées d’anciens officiers supérieurs de la CIA. Il n’y a rien d’intrinsèquement mauvais dans une coopération des agences avec le secteur privé, mais cela peut poser des problèmes si ces rapports ne sont pas scrupuleusement étudiés. Comme tout ce qui touche à la CIA se fait sous le sceau du secret, le Congrès n’a même pas accès au nombre de postes qui sont touchés par cette tendance et aux moyens que cela implique ; les experts s’accordent cependant à dire que cela touche des milliers de postes et que cela se chiffre en centaine de millions de dollars.
Abu Ghraib a montré les risques que l’on prenait en s’appuyant trop sur les prestataires privé. Les coûts d’une telle gestion de personnel sont, en outre, très élevés car un agent de la CIA passé au privé a un salaire doublé quand il revient dans l’agence pour refaire le même travail. En outre, ce système n’est pas toujours efficace car les postes sont mal attribués. Il faut que le Congrès ait un meilleur contrôle de la situation.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« This Spy for Rent », par James Bamford, New York Times, 13 juin 2004.