ZDF : La conférence à Rome est un premier pas, mais Israël n’était pas représenté – ni le Hezbollah ni le Hamas de toutes façons, ni non plus des États tels que la Syrie ou l’Iran. Leur présence n’aurait-elle pas été souhaitable, justement par rapport à la Syrie ?

M. Steinmeier : […] Puisque vous dites que la conférence a été un premier pas, je voudrais au moins donner mon appréciation en précisant qu’il s’agit d’un pas très important. En effet, […] après le choc qui a paralysé la scène politique internationale […], je suis content que ce processus ait été mis en route […]. Naturellement, il faut que tout ce que nous faisons et convenons dans la région soit accepté, y compris la réflexion sur notre attitude, notre politique à l’égard de la Syrie. Moi-même, j’ai téléphoné plusieurs fois au ministre syrien des Affaires étrangères dernièrement. J’avais aussi le week-end dernier - en plus des équipes à Beyrouth et à New York - une équipe à Damas qui a examiné les positions et les intérêts de la Syrie quant à une réflexion sur sa possibilité de jouer un rôle constructif pour tenter d’apaiser la situation et contribuer à la stabilité au Proche-Orient.

Israël peut-il négocier avec de tels États et des groupes comme le Hezbollah ?

Le prochain pas pour Israël ne consiste pas du tout pour l’heure à négocier avec la Syrie, je ne peux pas me l’imaginer pour le moment. Mais ceux qui sont prêts maintenant […] à assumer une responsabilité internationale pour apaiser la situation doivent se demander si les conditions d’un engagement dans la région ne seraient pas meilleures si nous renforcions l’acceptabilité régionale - par exemple aussi grâce à un comportement constructif de la Syrie. Dans tous les cas, c’est ce que nous voulons essayer de faire.

Le déploiement éventuel d’une force de paix internationale s’inscrit aussi dans cette approche. La condition serait que tous les États de la région soient d’accord, comme vous l’avez dit aujourd’hui. Mais qu’en est-il du Hezbollah ? On ne peut pas le désarmer.

Non, je crois qu’il faut mener ce débat dans les règles. Il n’y a guère de décision qui soit aussi lourde de responsabilité que celle d’envoyer des soldats à l’étranger. C’est pourquoi je plaide pour que nous prenions le temps de réfléchir avant de prendre cette décision. Je plaide aussi pour que nous participions à ce qui aura lieu les prochains jours au Conseil de sécurité […]. C’est seulement quand le mandat montrera qu’une telle mission peut être mise en œuvre, qu’elle poursuit des objectifs réalistes, que l’Allemagne pourra décider si elle y prend part ou non dans le cadre d’un contingent européen. Mais ce n’est pas la question actuellement […]. Je me réjouis qu’il ait été possible de s’entendre sur deux autres points, c’est-à-dire le conflit dans la bande de Gaza qui doit rester un conflit séparé à régler séparément, et notre aide humanitaire commune que nous intensifions. La Commission européenne a prévu aujourd’hui d’attribuer une nouvelle aide de 50 millions d’euros pour soutenir la population démunie du Liban […].

Kofi Annan a exigé à nouveau aujourd’hui un cessez-le-feu immédiat. Est-ce que c’est réaliste ?

Tous les participants de la conférence ont souligné qu’un cessez-le-feu doit intervenir le plus rapidement possible. Contre toute attente, le choix des termes n’a pas donné lieu à de grandes controverses. Tous soutiennent l’accord […].

Source
Allemagne (ministère fédéral des Affaires étrangères)