Samuel Huntington se félicite de la décision de la Cour suprême de maintenir la formule « One nation under God » dans le serment d’allégeance. Comme les États-Unis sont un État religieux par leur histoire et par leur sociologie, le christianisme est implicitement la religion d’État. Il s’ensuit donc que les athées sont des « étrangers » à la communauté US. Un modèle que Washington souhaiterait voir inscrire dans le Traité constitutionnel européen.
Lee A. Casey et David B. Rivkin Jr dénoncent dans le Washington Times la Croix-rouge qu’ils accusent d’avoir perdu sa neutralité en attachant trop d’importance à la protection des guérillas. Il ne faudrait donc accorder aucune attention aux récriminations de cette organisation à propos du traitement des prisonniers et de la torture. Les deux avocats républicains reprennent ainsi pour les États-Unis le discours classique des dictatures.
Cette évolution du régime atteint l’image que les États-Unis ont d’eux-mêmes. Le professeur Samuel Huntington se félicite dans le Wall Street Journal de la décision de la Cour suprême de maintenir la formule « One nation under God » dans le serment d’allégeance. En réalité, la Cour n’a pas tranché le litige de fond. Elle a botté en touche en observant que nul n’était contraint de réciter ce serment. Pour Huntington, qui théorisa le conflit des civilisations, les États-Unis sont un État religieux à double titre : par leur histoire et par leur sociologie. Il pose d’une part que tous les pères fondateurs puisaient leur inspiration dans le christianisme et que, les rares qui étaient déistes ou athées ne s’opposèrent pas à la religion. D’autre part, les États-uniens sont massivement croyants, sinon chrétiens. En d’autres termes, le christianisme serait implicitement la religion d’État, bien que les Églises soient distinctes de l’État pour en limiter la puissance. Il s’ensuit que les athées sont des « étrangers » à la communauté US. Huntington, qui fut le conseiller des juntes catholiques des généraux Pinochet et Videla, s’impose comme un des théoriciens du régime Bush et de sa croisade.
Voilà qui éclaire d’un jour particulier les pressions des amis polonais du professeur Huntington pour inscrire une référence au christianisme dans le projet de Traité constitutionnel européen.
Max Boot semble décidément avoir retourné sa veste. Le directeur de la page éditoriale du Wall Street Journal se lance dans la Los Angeles Times dans une vive critique de l’incompétence de l’administration Bush. Selon lui, elle est bonne pour faire des effets d’annonce, pas pour gouverner. Rice, qui est écrasée entre Rumsfeld et Powell, ne parvient pas à coordonner quoi que ce soit, de sorte que tout devient incohérent. La presse anglo-saxonne déborde aujourd’hui d’états d’âme des déçus du bushisme donnant l’impression que le président n’est pas en mesure de se succéder à lui-même. Pourtant au même moment, George W. Bush persiste et signe dans les moindres détails de sa politique, parfois jusqu’à la caricature. Par exemple, il a réaffirmé contre l’avis de la Commission d’enquête indépendante qu’il y avait un lien entre l’Irak et Al Qaïda. Soit l’équipe Bush a perdu toute notion de la réalité, soit elle est en train de tester ses soutiens.
Quel que soit le résultat des élections états-uniennes, l’Amérique aura toujours besoin de messagers et, dans les États alliés, bien des hommes politiques lui font allégeance. Bon vendeur, le directeur adjoint du Figaro, Charles Lambroschini, fait l’éloge de Nicolas Sarkozy dans l’International Herald Tribune. Il s’agit à la fois de convaincre les lecteurs que les Français voient en lui une relève et qu’il est le partenaire attendu de Washington. Emporté par son enthousiasme, l’auteur affirme que le ministre de l’Intérieur est populaire. C’est une imputation pourtant infirmée par les urnes. Lors des récentes élections régionales, Nicolas Sarkozy fit campagne pour la liste UMP d’Ile-de-France qui perdit le scrutin. M. Lambroschini confond notoriété et popularité.
Enfin, l’International Herald Tribune publie une présentation du rapport du département d’État sur la traite des êtres humains signée par Colin L. Powell lui-même. L’objectif est consensuel, mais les méthodes pour y parvenir ne le sont pas. Les États-Unis, pour leur part, récusent toute interprétation politique ou économique de ce phénomène de masse qu’ils préfèrent aborder en termes sociaux ou policiers.
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