J’ai réuni le corps diplomatique aujourd’hui pour demander instamment à la communauté internationale qu’un cessez-le-feu soit instauré immédiatement et qu’une assistance humanitaire soit apportée d’urgence à mon pays ravagé par la guerre. Vous savez tous que sept jours d’agressions israéliennes continues et de plus en plus violentes contre le Liban ont entraîné des pertes incommensurables : chiffré en vies humaines, le bilan a atteint des proportions tragiques : on compte déjà plus d’un millier de blessés et 300 morts ; plus d’un demi-million de personnes ont été déplacées ; dans certaines zones, les hôpitaux ont été paralysés et ne peuvent pas venir en aide aux victimes ; il y a des pénuries de vivres et de fournitures médicales ; des maisons, des usines et des entrepôts ont été complètement détruits ; les installations de l’ONU à Maroun El Ras et à Naqoura viennent tout juste d’être bombardées, ainsi que des casernes et des postes des forces de sécurité conjointes ; une unité de la défense civile a été éliminée et on évacue les étrangers. Au moment où je vous parle, les traumatismes, le désespoir, la douleur et les massacres et destructions quotidiens se poursuivent sans relâche. Le pays a été mis en lambeaux.

La vie des citoyens libanais a-t-elle moins de valeur que celle de citoyens d’autres pays ?
La communauté internationale peut-elle rester passive alors que l’Etat d’Israël nous inflige des représailles aussi brutales ?
Allez-vous permettre que des civils innocents, des églises, des mosquées, des orphelinats, des fournitures médicales acheminées par la Croix-Rouge, des gens qui cherchent un abri ou fuient leur logis et leur village soient victimes de cette guerre horrible ?
Est-ce là ce que la communauté internationale appelle la légitime défense ? Est ce là le prix que nous devons payer pour aspirer à l’édification d’institutions démocratiques ? Est-ce là le message à adresser au pays de la diversité, de la liberté et de la tolérance ?
Il y a un an seulement, les Libanais affluaient dans les rues, le coeur plein d’espoir, brandissant des drapeaux rouges, verts et blancs en criant : « Le Liban mérite de vivre ! »
Quelle sorte de vie nous est offerte aujourd’hui ? Je vais vous le dire : une vie de destruction, de désespoir, de déplacement, de dépossession et de mort.
Quelle sorte d’avenir peut surgir des décombres ? Un avenir de peur, de frustration, de ruine financière et de fanatisme.
Permettez-moi de vous assurer que nous chercherons tous les moyens possibles d’obliger Israël à dédommager le peuple libanais de la destruction barbare qu’il lui a infligée et qu’il continue de nous infliger, alors qu’il sait très bien que la vie humaine est irremplaçable.

Vous voulez appuyer le Gouvernement libanais ?
Permettez-moi de vous dire, Mesdames et Messieurs, qu’aucun gouvernement ne peut survivre sur les ruines d’une nation.
Au nom du peuple libanais, de Beyrouth, Baalbek et Byblos à Tyr, Sidon et Cana, à chacun des 21 villages situés le long de la frontière sud, déclarée par Israël zone d’exclusion, à Tripoli et à Zahlé, je vous demande instamment de répondre immédiatement sans réserve ni hésitation à cet appel à un cessez-le-feu immédiat, à la levée du siège et à l’apport d’urgence d’une aide humanitaire à notre pays ravagé par la guerre. Je tiens également à remercier les organisations internationales et les pays amis qui ont déjà offert une aide précieuse ainsi que ceux qui s’apprêtent à le faire.

Nous, les Libanais, nous voulons vivre.
Nous avons choisi la vie.
Nous refusons de mourir.
Notre choix est clair.
Nous avons survécu à des guerres et à la destruction au fil des âges.
Nous survivrons encore.

Je compte sur vous pour ne pas nous décevoir. •

Source
Liban (Premier ministre)