Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs,

Dès que j’ai décidé de faire une tournée au Proche-Orient, pour tenter d’aider à trouver une solution durable à la crise actuelle, j’ai souhaité venir à Haïfa. Non seulement pour saluer la communauté française, mais pour saluer tous vos concitoyens qui vivent des moments difficiles.

Je suis venu ici, Monsieur le Maire, ce matin avec le président du CRIF de France, M. Roger Cukierman, et avec trois parlementaires. Je pense bien sûr à Claude Goasguen, à M.Rudy Salles, à M. Assouline, qui sont ici pour exprimer la solidarité du peuple français vis-à-vis du peuple israélien. Ici, comme ailleurs, dans ce conflit, mes pensées émues vont avant tout vers les victimes civiles et leurs familles, des victimes innocentes.

La France a condamné les attaques du Hezbollah. Elle condamne également les tirs de missiles sur des populations civiles. Nous avons toujours rappelé le droit d’Israël à la sécurité. C’est dans ce cadre que nous souhaitons la mise en œuvre pleine et entière de la résolution 1559 du Conseil de sécurité des Nations unies qui stipule le désarmement du Hezbollah.

J’étais hier à Beyrouth, je suis aujourd’hui à Haïfa. Mon message est le même : celui de la solidarité avec les victimes. Mais mon voyage est aussi et avant tout politique, pour tenter de trouver une solution durable à la crise et contribuer à la fin des combats. J’ai rencontré les dirigeants libanais, égyptiens, jordaniens. Je rencontrerai M. Olmert et Mme Livni aujourd’hui. Ma question à Jérusalem comme à Beyrouth est la même : comment parvenir le plus rapidement possible à un cessez-le-feu ? Et je le dis d’ici, à Haïfa, Monsieur le Maire, avec le cortège de victimes et d’injustices qui existent ici. Il faut un cessez-le-feu qui réponde à la légitime aspiration d’Israël de vivre en sécurité, et qui préserve l’Etat libanais, cet Etat libanais dont la survie est dans l’intérêt d’Israël. Ce cessez-le-feu, tout le monde en a besoin, à Beyrouth comme à Haïfa. Je suis convaincu qu’il est possible.

Au cours de ma tournée, j’ai entendu et échangé des idées et des propositions à Beyrouth, au Caire, à Amman. Je vais en parler aujourd’hui au gouvernement israélien. Ce n’est que par le dialogue que nous pourrons avancer. La France, en étant présente sur le terrain, en écoutant, en dialoguant et en proposant, n’a qu’une ambition : participer dans le cadre de l’Union européenne, avec nos partenaires, au rétablissement d’un processus politique.

Monsieur le Maire, merci pour ce livre. Merci pour votre accueil en ce moment si douloureux. Et je forme le vœu que je vous offre le plus rapidement possible à Toulouse le livre de la ville.

Q - Etes-vous d’accord avec la position israélienne et américaine selon laquelle un cessez-le-feu est inutile maintenant et qu’il faut d’abord privilégier la solution militaire avant de passer à la solution politique ?

Le gouvernement français est-il impliqué dans la libération des soldats israéliens kidnappés récemment au Liban ?

R - La France a demandé immédiatement la libération sans condition des soldats israéliens, comme elle a demandé d’ailleurs la libération de ce soldat israélien qui a été enlevé il y a un peu plus de trois semaines près de la bande de Gaza, et qui a également la nationalité française. Je rencontrerai d’ailleurs sa famille un peu plus tard dans la journée.

Concernant la première question politique sur le cessez-le-feu, nous aurons une réunion mercredi matin à Rome, regroupant les amis du Liban. Nous serons présents avec les Américains, les Européens et les pays arabes, qui pourront exprimer leurs positions respectives. Je ne vois pas en effet la possibilité d’avoir une réunion mercredi sur le plan économique s’il n’y a pas une discussion sur le plan politique, que j’appelle de mes vœux.

Donc ces conditions politiques sont nécessaires à une sortie durable de crise. Je crois que nous devons en effet demander une cessation des hostilités pour permettre plusieurs choses. D’abord, qu’il puisse y avoir un processus politique, un dialogue politique basé sur le désarmement des milices et du Hezbollah. Mais aussi, ne l’oublions pas, il faut préserver l’existence d’un Etat libanais, qui ne doit pas être affaibli, mais au contraire, à qui l’on doit permettre de faire respecter sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire, y compris sur le Sud, en y déployant une armée. Il faut l’aider et non pas l’affaiblir. Il faut donc bien comprendre que la communauté internationale, y compris Israël, a intérêt à avoir un Etat libanais souverain, libre et indépendant. C’est la raison pour laquelle je souhaite qu’au Conseil de sécurité des Nations unies, il puisse y avoir une discussion sur un cessez-le-feu, sachant que la France a toujours reconnu et reconnaît le droit d’Israël à la sécurité.

Q - Monsieur le Ministre, Jacques Chirac a déclaré sa volonté de se démarquer du G8 sur les opérations d’Israël au Sud-Liban. Que s’est-il passé en quelques jours et pourquoi ce changement de position du Président Chirac ?

R - Depuis le début, la France a, à plusieurs reprises, condamné les attaques du Hezbollah. Elle a joué un grand rôle, et en particulier le président Chirac, dans la définition même de la résolution 1559 du Conseil de sécurité des Nations unies qui stipule le désarmement des toutes les milices au Liban. La France avec d’ailleurs les Américains, a permis la restauration de l’Etat libanais depuis plusieurs mois, depuis plusieurs années. Ce gouvernement libanais est le symbole de la restauration du Liban, de la souveraineté retrouvée du Liban. Il est évident que nous avons demandé au gouvernement libanais d’assurer cette pleine souveraineté, y compris au Sud-Liban.

Et donc, toute cette action de la France, que ce soit au niveau du G8, des Nations unies, de l’Union européenne, n’a pas changé : c’est de faire respecter la souveraineté, l’intégrité et l’indépendance du Liban, tout en assurant la sécurité d’Israël. C’est là que nous devons trouver les conditions politiques d’une sortie de crise. La France ne fait que cela. C’est la raison pour laquelle je suis allé à Beyrouth, c’est la raison pour laquelle je suis ici. C’est pour montrer notre solidarité chaque fois qu’il y a des victimes civiles - et Dieu sait qu’il y en a. Au-delà de la solidarité, nous devons aussi agir pour trouver le plus rapidement possible les conditions d’une sortie de crise.

Q - Les liens entre l’Iran, le Hezbollah et la Syrie semblent avérés. C’est un sujet dont on parle beaucoup ici. Est-ce que la France envisage une action, des discussions ? Est-ce que vous envisagez de vous rendre à Damas et à Téhéran pour essayer de clarifier les positions des deux pays vis-à-vis du Hezbollah ?

R - Je n’ai pas ces deux destinations à mon agenda. Je voudrais simplement vous dire combien il est important - et cela a été d’ailleurs l’objet des idées que nous avons défendues au Conseil de sécurité des Nations unies, que nous présidons d’ailleurs pendant ce mois de juillet - de dire que nous condamnons toutes les forces qui ne souhaitent pas qu’il y ait une solution politique durable. Nous souhaitons au contraire bien expliquer que la violence en cet endroit du monde ne peut être la solution. Vous me parlez de deux pays, la Syrie et le Liban. Nous avons déjà dit à plusieurs reprises à propos de la Syrie que nous voulions respecter la souveraineté et l’intégrité du Liban. Nous l’avons dit dans la résolution 1559. M. Larsen, l’envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies, M. Kofi Annan, est allé plusieurs fois dans la région. Nous avons souhaité bien stipuler à quel point il était important qu’aucun pays, fusse-t-il voisin, ne puisse venir s’ingérer dans la vie interne d’un pays comme le Liban, ami de la France, qui entretient avec elle des relations historiques. Il était important de le dire ici et je trouve que cela a un sens. Je vous remercie de me permettre de le dire ici.

Sur l’Iran, nous avons, vous le savez, aujourd’hui des discussions, via Javier Solana, le Haut représentant de la politique étrangère de l’Union européenne, concernant la prolifération nucléaire iranienne. Le 12 juillet, à Paris, au Quai d’Orsay, j’avais réuni Mme Rice, M. Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, mais également Mme Beckett du Royaume-Uni, M. Steinmeier, représentant l’Allemagne, et M. Zhang, le ministre des Affaires étrangères chinois. Nous avons alors renouvelé l’offre faite à l’Iran proposant un paquet de propositions positif, ambitieux, sur le plan politique, nucléaire et économique. Mais constatant que l’Iran ne saisissait pas cette main tendue, nous avons alors décidé d’envisager des sanctions en nous tournant vers le Conseil de sécurité des Nations unies, à moins que l’Iran ne rentre dans les négociations. Nous avons même stipulé que ce serait dans le cadre du chapitre 7 de la charte des Nations unies, dans le cadre de l’article 41, et la Russie et la Chine se sont jointes à cette position./.

Source
France (ministère des Affaires étrangères)