Merci chers Amis.

D’abord je voudrais dire que l’Egypte a une importance centrale dans la région et que les autorités égyptiennes, sous la conduite du président Moubarak, mènent une politique lucide et courageuse pour aider à la solution du conflit. Tout récemment nous avons pu mesurer l’importance de leurs efforts sur la question de Gaza qui est un problème essentiel, mais aussi sur le problème libanais. J’ai pu constater leur inquiétude sur ces deux questions. Evidemment nous poursuivrons nos travaux à l’ONU, au sein du Conseil de sécurité, et à Bruxelles avec nos partenaires européens

Nous souhaitions consulter nos partenaires égyptiens et recueillir leur avis. Le président de la République l’a signifié. Il est soucieux de recueillir l’avis de nos amis égyptiens. J’arrive de Beyrouth où je me suis rendu à deux reprises dans la semaine, et j’ai dit à mon collègue, M. Aboul Gheit à quel point la situation était grave au Liban. Il s’agit de se rendre compte de ce que signifient ces bombardements et leurs conséquences sur les populations civiles. Des milliers de gens sont sur la route, des milliers d’hommes, qui cherchent à quitter le Liban par tous les moyens. Les conséquences sont dramatiques. Il faut en avoir conscience, c’est le peuple et l’Etat libanais qui sont menacés. Il faut se souvenir de l’histoire douloureuse de ce pays ami. Il faut également avoir conscience de la situation des habitants du Nord d’Israël, qui subissent quotidiennement des tirs aveugles de roquettes. Dans ce contexte, temporiser, rester les bras croisés est impossible et injustifiable. Nous devons agir très rapidement pour sortir de la crise. Pour cela, il faut demander d’urgence, un cessez-le-feu, l’échange des prisonniers, le déploiement de l’armée le long de la frontière israélo-libanaise et la mise en œuvre des principes de la résolution 1559. Voilà le discours que nous tenons. C’est un discours de paix. C’est ce discours que nous tiendrons aux Nations unies et à Rome où aura lieu la prochaine réunion.

Q - Que va faire la France, ce pays ami du monde arabe pour résoudre cette situation catastrophique ?

R - Comme vous le disiez, nous travaillons à la fois dans le cadre de l’Union européenne et dans le cadre des Nations unies. Nous présidons le Conseil de sécurité des Nations unies et nous pensons qu’il faut constater maintenant l’extrême gravité de la situation, exiger la création de corridors humanitaires sûrs, demander la cessation des hostilités, et réunir toutes les conditions du cessez-le feu. Nous l’avons dit tous les deux ce matin, mon collègue égyptien et moi-même, (…) alors que la destruction de l’Etat libanais, qui est extrêmement grave se poursuit. La souveraineté et l’indépendance du Liban sont une priorité absolue pour nous.

Q - Monsieur le Ministre des Affaires étrangères, vous avez parlé de la mise en œuvre de la résolution 1559 du Conseil de sécurité, la France assure la présidence du Conseil de sécurité, mais il semble que la France ait oublié d’autres résolutions du Conseil de sécurité concernant la Palestine, concernant le Liban et qui n’ont pas été appliquées ?

R - Ne vous trompez pas, nous avons dit d’emblée que l’ensemble de la Résolution 1559 devait être appliqué pleinement et entièrement y compris le désarmement des milices. Parce que, bien évidemment, il ne peut pas y avoir de paix durable, il ne peut pas y avoir de solution durable dans le conflit s’il n’y a pas de mission politique, si nous n’arrivons pas à désarmer les milices, Nous avons condamné les actes du Hezbollah, nous les avons considérés comme inacceptables. Nous lui demandons d’arrêter ses tirs de roquettes et nous demandons également à Israël de ne pas riposter de manière disproportionnée. C’est quelque chose de fondamental. Vous m’avez fait dire, et c’est très important, que la Résolution 1559 est quelque chose de majeur.

Q - Monsieur le Ministre, la Résolution 1559. Le dialogue national n’a pas abouti. Le Premier ministre libanais, Fouad Siniora a lancé un appel désespéré pour désarmer le Hezbollah, alors qu’est-ce que vous suggérez au monde entier, alors que c’est un souhait national d’y parvenir ?

R - Nous pensons que la spirale de la violence ne peut amener à rien de durable, que c’est dangereux pour tout le monde et en particulier dans cette région du monde. Dans ces conditions, nous estimons que c’est le dialogue politique qui peut amener à trouver des solutions durables. Nous avons beaucoup travaillé, y compris d’ailleurs avec les Américains depuis plusieurs années, pour que le Liban sorte de ses terribles difficultés, pour qu’une démocratie s’installe. Les élections, il y a plus de un an, ont permis à des députés d’être élus qui ont permis à un gouvernement, le gouvernement de Fouad Siniora, d’affirmer sa souveraineté sur l’ensemble du territoire. Dans ce cadre, le dialogue national a donné un certain nombre de résultats. Sur le sujet que vous abordez, il n’y a pas eu de résultats. Nous pensons que la seule solution aujourd’hui pour résoudre le problème, c’est d’abord d’avoir une cessation des hostilités, un cessez-le feu qui permettra ensuite de regarder les propositions. Envisageons l’armée libanaise qui peut venir se déployer à la frontière israélo-libanaise avec une force internationale. Mais à une condition : c’est que cela se fasse après un cessez-le feu. C’est la position que la France défendra à Rome, mais aussi, évidemment à New York. Je suis totalement d’accord avec vous, il faut désarmer le Hezbollah. C’est un point qui est majeur. Mais la seule solution, c’est de le faire après le cessez-le feu, car aujourd’hui la spirale de la violence ne peut pas entraîner des décisions ni efficaces ni politiques.

Q - Est-ce qu’il y a des mesures que vous prévoyez pour exercer une véritable pression sur Israël. Vous avez parlé des mesures sur lesquelles vous pouvez vous mettre d’accord pour régler la situation. Est-ce que la France va continuer à nourrir sa divergence avec les Etats-Unis ou vous rapprocher des américains pour trouver une solution concertée au conflit ?

R - Il faut maintenant agir d’urgence, car rester les bras croisés est impossible et injustifiable. Nous pensons qu’une action urgente doit être mise en place. C’est, comme vient de le rappeler le ministre, l’échange des prisonniers, agir aux Nations unies pour obtenir le cessez-le feu, afin que cesse toute atteinte à l’intégrité et la souveraineté du Liban. Je vous remercie./.

Source
France (ministère des Affaires étrangères)