Merci de votre accueil ici à Beyrouth, je suis venu comme vous l’avez dit, à la demande du président de la République, avec le ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste‑Blazy, au nom de la France, porter un message de solidarité et un message d’amitié au peuple libanais. Une nouvelle fois, la population civile souffre et subit la violence. Ce sont des années de reconstruction et d’espoir qui sont anéanties. Tout le peuple français est aujourd’hui aux côtés du peuple libanais.

La France condamne l’engrenage de la violence. Elle condamne l’enlèvement des deux soldats israéliens dont elle demande la libération. Aujourd’hui il y a urgence à agir pour le Liban et pour la stabilité de l’ensemble de la région.

L’usage de la force n’est pas, nous le savons, l’expérience nous en a instruit, à lui seul une solution. Seul un règlement politique permettra de sortir de la situation actuelle.

Avec l’ensemble de la communauté internationale, la France est pleinement engagée pour obtenir au plus vite un cessez-le-feu et mettre un terme à la crise. Elle soutient les efforts du G8, des Nations unies et de l’Union européenne. Elle est favorable notamment au déploiement d’une mission de surveillance à la frontière. L’indépendance, la souveraineté et la liberté du Liban sont pour nous une priorité absolue. Elles doivent être pleinement respectées.

J’ai demandé au Premier ministre, M. Siniora, de tout faire en ce sens, conformément à la résolution 1559. Il m’a redit sa détermination à avancer dans cette voie pour parvenir à restaurer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire.

Israël a le droit de se défendre, mais il doit prendre en considération les conséquences stratégiques et humanitaires de ses actes. Il doit faire preuve de la plus grande retenue et veiller à ne pas conduire d’actions qui porteraient atteinte à l’intégrité du Liban, à la sécurité des populations civiles et à la stabilité du gouvernement libanais.

Dans l’immédiat, les éléments d’une solution devraient inclure :
 le retour sains et saufs des soldats israéliens enlevés.
 L’arrêt des tirs de roquettes en direction d’Israël.
 L’arrêt des opérations militaires israéliennes.

Au-delà, la France veut marquer son engagement en faveur d’une reconstruction rapide du Liban.

Face aux destructions, et au grand nombre des victimes, nous sommes extrêmement préoccupés par le risque d’une crise humanitaire. J’ai dit au Premier ministre, M. Siniora, notre disponibilité à apporter avec l’Union Européenne notre aide aux Libanais, en particulier ceux, qui dans le Sud, se trouvent aujourd’hui dans une situation de grande détresse.

Dans ce contexte, j’appelle à une trêve humanitaire immédiate.

Devant la détérioration de la situation, la France prend toutes les mesures nécessaires pour permettre à ses ressortissants qui le souhaitent de quitter le Liban. Nous sommes particulièrement attentifs aux inquiétudes et aux attentes des familles. Le ministère des Affaires Etrangères français, le ministère des la défense sont mobilisés. D’ores et déjà, un dispositif de rotations maritimes entre Beyrouth et Chypre est mis en place. Un premier ferry quittera ce soir Beyrouth. Je me rendrai tout à l’heure sur le port pour rencontrer les familles.

Je remercie les autorités libanaises pour leur aide à cet égard.

Ici, à Beyrouth, dans cette ville qui a déjà connu tant d’épreuves et qui s’est toujours relevée, je veux vous dire en ces instants dramatiques que la France croit en l’avenir du Liban. Nous poursuivrons notre engagement en faveur de son unité et de son indépendance. Je veux saluer le courage du peuple libanais. Plus que jamais, le Liban peut compter sur la France.

Q - Est-ce que vous avez une proposition ou bien une solution pour la crise que le Liban vient de vivre ? Est-ce que vous avez un projet de solution ?

R - Nous le savons face à une situation si difficile, il n’y a pas de remède miracle. Nous devons explorer tous les canaux et c’est tout le sens de la mobilisation de la communauté internationale et c’est tout le sens des entretiens que je viens d’avoir avec le Premier ministre, M. Siniora. Nous sommes soucieux que toutes les voies, tous les canaux soient utilisés et activés et vous comprendrez qu’à cette heure je ne souhaite pas en dire davantage. Mais notre conviction c’est que l’heure est à la mobilisation dans le sens d’un dialogue constructif. Nous le savons, il n’y a pas de solution par la violence. Rien de durable ne pourra être créé si on n’accepte pas d’avancer ensemble pour que toutes les forces de paix, toutes les forces qui vont dans le sens de la stabilité, toutes les forces qui respectent l’autorité, la souveraineté du Liban soient mises en œuvre. Je crois donc que c’est cette mobilisation à travers le G8, à travers l’Union Européenne, à travers les Nations unies. Et vous savez à quel point aujourd’hui c’est toute cette communauté internationale qui est mobilisée en liaison avec le gouvernement libanais avec l’ensemble des Etats qui souhaitent apporter une contribution positive. Mais c’est dans le sens de l’action, de l’action constructive que nous devons avancer.

Q - Est-ce que le Liban est livré à une action militaire destinée à appliquer la 1559 ?

R - La résolution 1559 a été votée par les Nations unies, la communauté internationale. Notre priorité, je l’ai dit, c’est le cessez-le-feu. Notre souci pour que l’ensemble des inquiétudes dans le domaine de la sécurité soit prises en compte, c’est bien sûr de tout faire pour que le gouvernement libanais soit en mesure de restaurer son autorité sur l’ensemble du territoire libanais. C’est un élément de la stabilité régionale incontournable. Et c’est dans ce sens que nous devons tous avancer. Tout doit être fait par l’ensemble des diplomaties pour rendre possible cette pleine affirmation de la souveraineté et de l’indépendance du Liban. Nous savons que ce n’est pas dans une logique de destruction que nous trouverons une solution. Ce n’est pas dans une logique de chaos que nous trouverons la solution. Mais c’est bien dans une logique de mobilisation qui donne à chacun sa responsabilité, qui donne à chacun sa place, qu’il faut avancer.

Q - Inaudible.

R - L’inquiétude qui est la notre, c’est que l’engrenage de la violence active ses forces de destruction, creuse les lignes de fractures que nous connaissons aujourd’hui au Moyen-Orient. Et elles sont nombreuses. Donc c’est bien pour cela que nous souhaitons que chacun se mobilise dans un sens constructif et aujourd’hui le dialogue, le cessez-le-feu, un travail qui permette véritablement aux diplomaties de s’atteler aux questions de fond sans les laisser de côté, comme cela était pendant trop d’années le cas. Aujourd’hui nous devons nous atteler à un règlement global de la crise. Nous le savons. Cela a été la première affirmation du G8, un règlement global de la situation. Aujourd’hui au Proche-Orient c’est bien l’ambition de la communauté internationale, et c’est dans ce sens que nous devons travailler. Sans quoi cet engrenage de la violence ne fera que le lit des forces de destruction de celles qui peuvent trouver avantage à une situation d’instabilité croissante dans la région.

Q - Qu’en est-il de la force d’interposition ?

R - La France a proposé une mission de surveillance qui pourrait se déployer, qui pourrait concourir à aider le gouvernement libanais dans sa tâche de restauration de l’autorité sur l’ensemble du territoire et, de la même façon, apporter des garanties de sécurité dans le pays. Et dans ce sens là, nous pensons qu’il y a la possibilité pour la communauté internationale de se mobiliser de façon constructive. Une fois de plus, il appartient aux différentes instances et en particulier les Nations unies, dont nous pensons que la première des priorités doit bien sûr être la recherche d’un cessez-le-feu, de trouver les modalités qui seront acceptables par l’ensemble des parties./.