Résolution sur la poursuite de l’occupation par Israël de territoires libanais et le maintien en détention de citoyens libanais dans les prisons et camps israéliens

La trentième troisième session de la Conférence islamique des Ministres des Affaires étrangères (session de l’harmonisation des droits, libertés et de la justice), tenue à Bakou, République d’Azerbaïdjan, du 23 au 25 Joumada Al Oula 1427H (19-21 juin 2006) ;

Rendant de nouveau hommage à la résistance libanaise et à la vaillance dont le peuple libanais a fait preuve et qui lui a permis de remporter la victoire sur les forces de l’occupant israélien et de libérer la plus grande partie des territoires du Sud Liban et de la Bekaa occidentale.

Rappelant les résolutions de l’OCI sur la solidarité islamique avec le Liban pour mettre fin à l’occupation par Israël de ses territoires du Sud et de la Bekaa occidentale ;

Notant le fait qu’Israël continue d’occuper des territoires libanais ainsi que plusieurs positions sur les frontières libanaises, n’a pas parachevé son retrait complet de tous les territoires libanais jusqu’aux frontières internationalement reconnues, conformément à la résolution n° 425 (1978) du Conseil de sécurité et poursuit ses agressions contre le territoire libanais, ses violations de l’espace aérien et le pillage des eaux et du sol du Liban ;

Profondément préoccupée par le maintien en détention de manière arbitraire de citoyens libanais dans les geôles et prisons d’Israël, en violation flagrante de la Déclaration universelle des droits de l’homme, de la 4ème Convention de Genève (1949) sur la protection des civils en temps de guerre et de la Convention de La Haye de 1907 ;

Notant avec la plus vive préoccupation et avec étonnement la décision de la cour suprême d’Israël autorisant les autorités israéliennes à maintenir en détention les prisonniers libanais « comme otages, comme une carte à jouer dans la négociation et comme détenus sans jugement »

Rappelant les résolutions adoptées par la Commission des droits de l’homme à Genève sur les souffrances endurées par les prisonniers libanais détenus dans les geôles israéliennes dans des conditions sanitaires et humanitaires difficiles auxquelles plusieurs d’entre eux ont succombé ;

Réaffirmant le droit du Liban à obtenir des compensations pour les pertes humaines, les dommages matériels et les lourds préjudices économiques causées par les agressions israéliennes contre ses citoyens et ses infrastructures, ainsi que pour les pertes en vies humaines et les préjudices matériels qui en ont résulté ;

1. ADRESSE, de nouveau, ses félicitations et son hommage au Président, au gouvernement et au peuple libanais et salue le rôle héroïque joué par la résistance libanaise ainsi qu’à l’admirable ténacité du peuple libanais qui a réussi à bouter les forces israéliennes hors du Sud Liban et de la Bekaa occidentale.

2. CONDAMNE énergiquement Israël pour ses agressions répétées contre le territoire libanais, et pour ses violations quotidiennes de la souveraineté aérienne, maritime et terrestre du Liban, condamne ce qui s’est avéré récemement, à savoir le recrutement par Israél d’un réseau terroriste qui opère à l’intérieur du Liban et qui vise à assassiner des civils innocents et semer l’insécurité et l’instabilité dans le pays et se déclare solidaire avec le Liban dans ce contexte.

3. CONDAMNE fermement Israël qui continue d’occuper des positions sur les frontières libanaises internationalement reconnues, y compris les vergers de Chabaa et ce en violation de la résolution 425 (1978) du Conseil de Sécurité.

4. REAFFIRME son attachement à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité du Liban à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues ; soutient le Liban dans son droit souverain d’exercer ses choix politiques à travers ses institutions constitutionnelles ; prend en considération son droit à établir des relations avec les Etats frères et amis sur la base du respect mutuel, de la souveraineté, de l’indépendance, de la réconciliation nationale, du bon voisinage et de rapports d’égal à égal.

5. APPUIE la position libanaise exigeant le maintien du contingent de l’ONU déployé au sud Liban sans en réduire le nombre ni changer son mandat, notamment dans le contexte de menaces continuelles, des agressions répétées d’Israël et de ses violations de l’intégrité du territoire, de l’espace et des eaux territoriales du Liban. CHARGE le groupe islamique au sein des Nations unies, à New York, de poursuivre les efforts tendant à faire bloc pour soutenir la position libanaise.

6. SOUTIENT le Liban dans ses efforts pour recouvrer les fermes de Chaaba et les collines de Kofr Choba des mains de l’occupant israélien conformément à la résolution n°425 de 1978, du Conseil de Sécurité , soutient également les contacts menés par le gouvernement libanais pour prouver ses droits nationaux sur les fermes de Chebaa suivant les procédures reconnues par les Nations Unies ; réaffirme le droit du peuple libanais à résister pour libérer ses territoires et défendre son intégrité face aux agressions et convoitises israéliennes.

7. CONDAMNE Israël pour avoir semé des centaines de milliers de mines dans les territoires libanais qu’il a occupés et qui ont fait et font encore des dizaines de victimes et causé d’énormes dégâts matériels ; DEMANDE à la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu’il remette toutes les cartes localisant les champs de mines ; SALUE l’initiative de l’Etat des Emirats Arabes Unis qui a décidé de prendre en charge l’élimination des mines au Liban et ce en coopération et en coordination avec le gouvernement libanais et les Nations Unies.

8. CONSIDERE que mettre la lumière sur l’attentat terroriste dont a été victime le Premier Ministre Rafiq Hariri et ses compagnons et punir les coupables quels qu’ils soient et où qu’ils soient contribueront à renforcer la sécurité et la stabilité au Liban et dans la région.

9. DEMANDE à la communauté internationale ainsi qu’aux instances judiciaires et politiques internationales et aux Etats membres, de condamner Israël et de faire pression sur lui afin qu’il verse des compensations au Liban pour les dommages causés par ses agressions répétées contre le territoire libanais depuis la création de l’Etat d’Israël.

10. SE FELICITE du dialogue national en cours au Liban et des résolutions qui en sont issues jusque là et soutient la poursuite de ce dialogue pour parvenir à régler toutes les questions posées dans son ordre du jour.

11. DEMANDE également à la communauté internationale de prendre toutes les mesures nécessaires en vue d’amener Israël à libérer immédiatement tous les Libanais enlevés et détenus qui restent encore dans les prisons israéliennes, en violation du droit international, de la Déclaration universelle des droits de l’homme, de la 4ème convention de Genève (1949) et de l’accord de la Haye (1907). EXHORTE les Etats membres et les organisations internationales à faire pression sur le gouvernement israélien pour qu’il autorise les délégués du comité international de la Croix rouge et les autres organisations humanitaires à rendre visite de manière périodique et régulière aux détenus dans les prisons israéliennes, à présenter des rapports sur leur situation et à leur assurer une protection sanitaire et humanitaire ; DEMANDE aux organisations internationales notamment la commission des Nations Unies pour les droits de l’homme, de diligenter les investigations prévues par les conventions internationales au sujet des détenus libanais morts dans les prisons et camps de détention israéliens et de contraindre Israël à verser des compensations appropriées aux parties lésées conformément aux lois internationales en vigueur.

12. REAFFIRME le droit des réfugiés palestiniens au retour dans leurs foyers et rejette les tentatives de leur installation au Liban et avertit que le non règlement de leur problème sur la base de résolutions internationales, notamment la résolution 194 de 1948, risquent de mettre en péril la sécurité et la stabilité et de constituer un obstacle à l’instauration d’une paix juste et globale dans la région ; se félicite de la décision du gouvernement libanais de rouvrir le bureau de la représentation de l’OLP et de constituer un groupe de travail chargé d’entreprendre des pourparlers avec les représentants de la partie palestinienne pour résoudre les problèmes sociaux, économiques, juridiques et sécuritaires cruciaux des réfugiés palestiniens qui vivent dans les camps et ceux qui résident au Liban, en collaboration avec l’Office des Nations Unies pour les Secours et l’Emploi des Réfugiés Palestiniens (UNRWA).

13. CONSIDERE que l’instauration d’une paix juste et globale au Moyen Orient est le garant de la sécurité et de la stabilité dans la région ; invite en conséquence la communauté internationale, en particulier les co-parrains du processus de paix, les Etats Unis et la Fédération de Russie, ainsi que l’Union européenne et les Nations unies à jouer un rôle plus efficace en vue de faire aboutir le processus de règlement, conformément à l’esprit de Madrid, et aux résolutions de la légalité internationale, notamment les résolutions 242, 338 et 425.

14. CONSIDERE EGALEMENT que la libération du Liban du joug de l’occupant israélien constitue une victoire pour le Liban et représente un pas vers la libération de tous les territoires occupés, libération qui ne sera parachevée que par le retrait prompt et complet du Golan syrien jusqu’aux lignes du 4 juin 1967 ainsi que par la garantie des droits nationaux inaliénables du peuple palestinien, y compris son droit au retour à sa patrie, la Palestine et le refus de son maintien loin de sa patrie et la création d’un Etat indépendant sur le sol de sa patrie avec pour capitale Al-Qods Al-Charif.

15. DEMANDE au Secrétaire général de suivre la mise en œuvre de la présente résolution et d’en faire rapport à la 34ème session de la CIMAE.

Source
Organisation de la Conférence islamique

Référence : 3/33-PAL