Le président Bachar al-Assad a appelé les Arabes à adopter un rôle efficace dans la région de nature à être complémentaire à celui de l’Iran.

"Il n’y a pas jusqu’à présent un véritable rôle arabe dans la région mais un rôle formel" a affirmé le président al-Assad dans une interview avec le journal "al-Hayat" paru aujourd’hui à Londres, ajoutant que pour jouer un rôle efficace il faut décider de le faire avant de parler de la négativité ou de la positivité de tout autre rôle.

En ce qui concerne le rôle accru de l’Iran dans la région, le président al-Assad a souligné que ce rôle est important puisque l’Iran est un pays important au Moyen-Orient ainsi que son rôle qui doit être complémentaire à celui des Arabes.

Passant aux relations interarabes en général et syro-jordaniennes en particulier, le président al-Assad a souligné que toutes les relations interarabes ont besoin de la communication et que la froideur touchent en réalité la plupart de ces relations et non pas seulement celles syro-jordaniennes.

Le président al-Assad a fait noter, à cet effet, que la Syrie œuvre pour ranimer les relations syro-jordaniennes et que lui-même a invité le roi Abdallah II pour visiter Damas au temps convenable.

"Nous n’avons pas une divergence essentielle avec la Jordanie mais des points de vue différents et des relations sécuritaire qui connaissent des hauts et des bas selon la prestation commune des services de sécurité des deux pays. Quant à la préoccupation sécuritaire, tous les régimes arabes ont le même souci notamment à la suite de la guerre en Irak qui a répandu l’extrémisme et le terrorisme dans la région", a dit le président al-Assad.

Le président al-Assad a appelé, dans ce sens, à une action arabe efficace envers l’Irak "qui est l’axe de toute parole sur le rôle iranien accru".

Abordant la situation au Liban et les relations syro-libanaises, le président al-Assad a indiqué que la prestation des politiciens libanais a dénué le Liban la crédibilité sur la scène arabe, appelant les participants au dialogue national libanais à être sincères et à croire en le Liban comme patrie et non pas confession ou intérêts.

Le président al-Assad a réitéré, à cet effet, la disposition de la Syrie à accueillir n’importe quel responsable libanais même Saad al-Hariri, soulignant que les portes de la Syrie sont ouvertes devant tous les Libanais.

Quant aux divisions interlibanaises actuelles, le président al-Assad a affirmé que la division était toujours une partie de l’histoire du Liban, qui existait même avant la présence française au Liban, et que la Syrie n’a aucun intérêt dans l’approfondissement de cette division.

"La Syrie a versé le sang et supporté des pressions internationales durant des décennies pour le Liban, et toute division se reflètera directement sur la Syrie", a indiqué le président al-Assad.

Abordant l’enquête internationale de Brammertz, le président al-Assad a affirmé que la Syrie n’est pas soucieuse de l’enquête dont le cours dévoile la réalité que la Syrie n’a aucune relation avec cette affaire, mais de l’ampleur des pressions internationales exercées pour le détourner, rappelant, dans ce sens, que toute personne impliquée dans cette affaire sera livrée après être punir conformément à la loi syrienne.

Quant à la rencontre avec le chef du comité d’enquête, Serge Brammertz, le président l’a qualifiée de "bonne", précisant que la Syrie a coopéré avec le comité sur tous les plans et qu’elle continuera à le faire dans le cadre de l’enquête et de son professionnalisme.

Questionné sur la possibilité de l’ouverture d’une ambassade syrienne à Beyrouth si un nouveau Premier ministre libanais ami de la Syrie a été désigné demain, le président al-Assad a indiqué qu’il a évoqué cette question au cours de la dernière réunion du haut comité mixte syro-libanais, précisant que la Syrie n’a aucune problème avec cette affaire et que la Syrie n’a jamais refusé cette question tant qu’elle n’est pas imposée par des parties internationales ou régionales.

Quant à la question de la démarcation des frontières, le président al-Assad a affirmé que la Syrie est d’accord sur cette question et que c’est les Libanais qui veulent créer un problème à ce sujet.

Répondant à une question sur la relations entre la Syrie et le Hezbollah à la suite du retrait syrien du Liban, le président al-Assad a affirmé que cette relation n’a jamais été basée sur la présence militaire et qu’elle n’a pas du tout changé, soulignant que le retrait des forces syriennes du Liban n’a pas été difficile mais que c’est la nouvelle forme de la relation avec le peuple libanais qui a nui à tous les Syriens.

Questionné sur la possibilité de l’établissement des relations avec le général Michel Aoun s’il est devenu le président du Liban, le président al-Assad a affirmé que la Syrie traitera avec n’importe quel président qui est, comme le président Emile Lahhoud, ferme, national, non- confessionnel, et croyant en les relations interarabes et en l’arabité du Liban.

Répondant à une question sur l’existence de contacts avec l’Arabie Saoudite, le président al-Assad a souligné l’existence de contacts sur des questions arabes, dont la question irakienne et maintenant la question palestinienne.

Répondant à une autre question sur la possibilité de tenir un dialogue avec les Etats-Unis pour sortir de la crise en Irak, le président al-Assad a affirmé que la Syrie était dès le début contre la guerre et elle est toujours en faveur de la sortie des forces occupées de l’Irak. "Il est alors évident de présenter toute assistance possible pour que ces forces sortent de l’Irak, ou disons toute facilité".

Le président al-Assad s’est félicité, en outre, du rôle russe et chinois qui a prouvé sa faisabilité dans l’assistance de la Syrie, soulignant l’importance d’élargir les relations avec les pays asiatiques en général et les pays de l’Amérique latine.

A la question de savoir si la Syrie est prête à déployer des efforts pour convaincre Hamas d’accepter l’initiative de paix arabe, le président al-Assad a répondu avoir mené des contacts avec les dirigeants existant en Syrie, précisant qu’on est dans l’attente de mener un dialogue à l’intérieur de Hamas sur les propositions avancées, mais Israël n’accepte pas cette initiative qui est alors une initiative mort-née.

A une question si la Syrie craint une guerre civile palestinienne, le président al-Assad a répondu positivement tout en précisant que cette question n’est pas nouvelle depuis que le premier ministre israélien Ariel Sharon a parlé de Gaza en premier lieu… J’avais dit : C’est un projet de guerre civile palestinienne avant qu’on sache que Hamas entrera les élections et les remportera… Je crois que certains Palestiniens fournissent à Israël à travers ces conflits ce que ce dernier n’a jamais rêvé depuis son existence.

A propos de ses relations avec le président palestinien Mahmoud Abbas, le président al-Assad les a qualifiées de "bonnes", surtout que Mahmoud Abbas est clair, en dépit de l’existence de divergence entre les points de vue sur des questions politiques, dont à titre d’exemple Oslo et le processus de paix sur le volet palestinien, affirmant que ce qui nous intéresse maintenant est l’unité des Palestiniens.

Sur l’existence de contacts pour le rétablissement des relations diplomatiques entre la Syrie et l’Irak, le président al-Assad a indiqué que des contacts sont en cours pour le rétablissement de ces relations et ensuite la nomination d’un ambassadeur et l’ouverture d’une ambassade. "on n’a pas fixé le rendez-vous en détail mais le principe est avancé. Cette étape est prématurée vu que nous parlons maintenant de relations politiques et nous aspirons à l’établissement de relations diplomatiques avec l’Irak".

A une question sur l’existence d’al-Qaëda au Liban et si cette question dérange la Syrie, le président al-Assad a répondu qu’al-Qaëda était au Liban quant la Syrie était présente dans ce pays mais d’une façon restrictive, mais maintenant une partie des groupes poursuivis en Syrie s’enfuit au Liban, c’est plus proche et facile, et les renseignements disponibles confirment cette réalité.

A propos de la réforme en retard en Syrie, le président al-Assad a indiqué que la réforme est de marcher avec la vitesse la plus grande avec les préjudices les moins et seul le responsable de la réforme qui estiment cette question. L’important est de marche en avant avec des grands pas et les chiffres en sont témoins.

A une question sur les indications du discours officiel syrien concernant la concordance entre l’arabité et l’Islam, le président al-Assad a indiqué que l’arabité est liée à l’Islam sans oublier que la langue arabe est celle du Christ, alors c’est elle qui lie les différentes catégories. Il faut lier entre l’arabité et l’Islam pour la stabilité dans les sociétés. Certains parlent de l’Islam comme si l’arabité est inexistante… C’est dangereux vu que l’arabité lie les différentes catégories existantes dans nos sociétés, soit au niveau religieux, confessionnel ou national.

Demandant comment la direction syrienne et l’autorité en Syrie ont reçu la question du fondement du /Front de Salut national/, le président al-Assad a répondu : Avec dédain vu que tout acte portant un changement doit s’appuyer sur le peuple. Il a affirmé : "Nous sommes confiants en nous-mêmes et plus capables à traiter avec de nouvelles données ou une nouvelle offensive.

Il a ajouté que les dernières arrestations sont une question intérieure et le communiqué porte atteinte à la sécurité nationale syrienne et il est fait avec la coopération de forces libanaises hostiles à la Syrie, ce qui est hors lois et hors de l’état national, alors c’est normal d’appliquer la loi. Ces personnes sont jugées dans une cour normale et non pas exceptionnelle.

Source
Syrie (présidence de la République)