Suivant l’interprétation qu’en a faite George W. Bush, Ivo Daalder et Robert Kagan estiment que la résolution 1546 de l’ONU, adoptée à l’unanimité, valide le bien-fondé de l’action de la Coalition en Irak. Partant de là, les deux auteurs fustigent la France et l’Allemagne : après avoir voté ce texte, les Européens ne peuvent refuser d’envoyer des troupes en Irak sans vider de son sens l’Alliance atlantique et faire preuve d’irresponsabilité.
Tom Frame, évêque anglican de l’armée australienne bat sa coulpe dans The Age pour avoir soutenu la guerre contre l’Irak. Non, l’Irak n’était pas une menace, n’avait pas d’armes de destruction massive ou de liens avec Al Qaïda. Bien que l’invasion ait permis la chute de Saddam Hussein et ce qu’il voit comme une démocratisation du pays, cette guerre ne saurait être qualifiée de juste. Pour l’auteur, le plus grave, c’est que par son soutien à la guerre, il a légitimé un ordre mondial où les frappes préventives pourraient apparaître comme légitimes.
La question de la légitimité ne se pose plus pour le démocrate Ivo Daalder et le néo-conservateur Robert Kagan puisqu’ils estiment que la résolution 1546 de l’ONU adoptée à l’unanimité valide le bien-fondé de l’action de la Coalition en Irak une fois que celle-ci a admis qu’il fallait rendre sa souveraineté à l’Irak et internationaliser les forces d’occupation. La résolution a beau être un texte de consensus qui ne résout rien et entérine surtout un état de fait, les deux auteurs suivent la rhétorique de George W. Bush qui clame à qui veut l’entendre que le leadership des États-Unis est reconnu à l’unanimité par le Conseil de sécurité. Partant de cette interprétation du texte, les deux auteurs fustigent la France et l’Allemagne : maintenant qu’ils ont adopté le texte de la résolution, refuser d’envoyer des troupes en Irak, c’est vider de son sens l’Alliance atlantique et faire preuve d’irresponsabilité. Une accusation classique pour Robert Kagan.
Le thème de la démocratie reste, à Washington, l’un des moyens favoris de délégitimer un adversaire ou un rival et d’appeler à des sanctions contre lui.
L’ancien président de la République tchèque, Vaclav Havel, qui a bénéficié de l’aide de la CIA lorsqu’il était dissident du bloc soviétique et a rejoint aujourd’hui la Nouvelle Initiative Atlantique, dénonce dans le Washington Post le système totalitaire nord-coréen et son chantage à l’arme nucléaire pour obtenir du pétrole. Partant de ce constat, il aboutit aux conclusions des faucons de Washington : la politique de négociation de Séoul a échoué et l’ONU démontre son inefficacité en ne condamnant pas plus régulièrement Pyongyang. Il appelle donc à une mobilisation des démocraties contre la Corée du Nord et à de nouvelles sanctions. Sans nier les crimes du régime de Kim Jong Il, il est cependant bon de rappeler que le fameux « chantage à l’arme nucléaire » n’en est pas un et que le programme nucléaire nord-coréen a été relancé après que les livraisons de pétrole eurent été interrompues par Washington et non avant.
Dans le même quotidien, Michael McFaul de la NED/CIA conseille à George W. Bush de tenir davantage compte de la situation de la démocratie en Russie dans ses relations avec la Fédération. Feignant de croire que la situation y est comparable à ce qu’elle était durant la présidence de Ronald Reagan, il conseille au président d’engager un rapprochement avec Moscou en le conditionnant à la situation des Droits de l’homme dans le pays. Cette tribune est publiée alors que Vladimir Poutine a implicitement dénoncé les activités de la NED dans son dernier discours sur l’état de la nation.
Toutefois, pour Reed Brody d’Human Right Watch, dans Le Monde, les États-Unis sont aujourd’hui mal placés pour donner des leçons de démocratie ou de respect des Droits de l’homme. En effet, depuis le début de la guerre au terrorisme, le droit international est bafoué et la torture s’est généralisée dans les prisons contrôlées par les militaires ou les services de renseignement états-uniens. L’auteur estime que si les États-Unis veulent être crus quand ils affirment vouloir défendre la démocratie, ils doivent révéler les protocoles d’interrogatoires employés et juger tous les responsables de la torture, pas uniquement quelques lampistes.
Enfin, l’analyste politique états-unien Charles E. Cook Jr. affirme aux lecteurs du Los Angeles Times que Ralph Nader pourrait faire gagner George W. Bush à la prochaine élection comme il l’a fait gagner en 2000. Chiffres à l’appui, il tente de démontrer que c’est Ralph Nader qui a fait perdre Al Gore en Floride et que John Kerry doit donc mener une campagne agressive contre le candidat indépendant. La démonstration de M. Cook, publiée au moment où M. Nader remet en cause la version officielle sur les attentats du 11 septembre 2001 dans sa campagne, serait plus convaincante si elle n’oubliait pas de tenir compte de la fraude massive orchestrée par Jeb Bush en 2000 et de la décision de la Cour suprême de ne pas autoriser un nouveau décompte des voix.
Restez en contact
Suivez-nous sur les réseaux sociaux
Subscribe to weekly newsletter