En juillet 1995, à la suite des révélations du journal Golias mettant en cause, témoignages à l’appui, la responsabilité de l’abbé Wenceslas Munyeshyaka, dans le génocide des Tutsi au printemps 1994, une information judiciaire est engagée contre l’ecclésiastique rwandais. Réfugié en France à la demande et sous la protection de la Conférence épiscopale de France, il avait alors bénéficié de nombreux soutiens au sein de l’Église catholique, et notamment de celui François Richard, supérieur en France des Pères blancs. Celui-ci affirmait que les attaques portées par le journal participaient d’un « assaut du FPR et de leurs alliés contre l’Église catholique », et de « l’entreprise de désinformation actuellement en cours au Rwanda contre l’Église ». Cette campagne médiatique a porté ses fruits : dix ans après les faits, la justice n’est toujours pas passée. C’est pourquoi, le 8 juin 2004, la Cour internationale des droits de l’Homme a condamné la France pour la lenteur de sa justice dans cette affaire. Pour l’association Survie « les autorités françaises semblent enclines à se décharger de [la] lourde responsabilité » de juger des génocidaires qu’elle ont, pour certains, elles-mêmes formés, armés ou protégés. (photo : Golias)