Ci-dessous, le point de presse de Catherine Colonna, ministre française déléguée aux affaires européennes, à l’issue de la conférence de stockholm sur la réhabilitation du Liban :

J’ai participé, cet après-midi, à la conférence organisée par la Suède sur la reconstruction du Liban et je rencontrerai tout à l’heure le ministre suédois.

Vous savez combien nous avons été actifs les uns et les autres, depuis le mois de juillet, pour apporter notre contribution à la résolution de cette crise. Au Liban, les armes se sont tues mais nous sommes loin d’être au bout du chemin. Nous ne devons pas relâcher nos efforts. Il faut d’abord mettre en œuvre la résolution 1701 et la mettre en œuvre complètement.

Les pays européens se sont engagés - je suis heureuse de constater que c’est l’Union européenne - et les Européens constitueront la colonne vertébrale de la FINUL 2. La France, au sein de l’Union européenne, a pris toutes ses responsabilités en prenant la décision d’envoyer au total 2.000 hommes sur le terrain. Elle était déjà présente au sein de la première FINUL et a ensuite pris comme mesure immédiate un renfort de 200 hommes. Le président de la République a annoncé ensuite le renfort de 1.600 hommes soit au total 2.000 hommes pour notre pays.

La résolution 1701, je l’ai rappelé dans mon intervention à la conférence, il y a quelques minutes, ce n’est pas seulement la cessation des hostilités, c’est aussi un texte qui vise à permettre qu’un processus politique s’engage, qu’il débouche sur un accord de cessez-le-feu durable et sur un accord politique. Je le répète, il faut appliquer pleinement la résolution 1701.

Parallèlement à cela, il faut, bien sûr, maintenant aider le Liban à se reconstruire. Nous avons tous réagi immédiatement aux besoins les plus urgents de ce pays pour faire parvenir de l’aide humanitaire, souvent d’ailleurs dans des conditions difficiles, même très difficiles, alors que les combats étaient encore en cours. L’aide alimentaire est arrivée très rapidement, les médicaments aussi, plusieurs milliers de tonnes ont pu être transportées, par exemple, par notre pays.

Cette conférence se réunit à l’initiative de la Suède, et j’ai voulu, comme tous mes collègues, la remercier d’avoir lancé le mouvement. Cette conférence est destinée à couvrir les besoins pour la première phase de reconstruction du Liban. Il faudra ensuite aller plus loin, je veux que nous l’ayons tous en tête.

Pour l’heure, le gouvernement libanais a établi ses priorités dans un document qu’il a présenté à ses partenaires, qui est un document, selon nous, d’une grande qualité. Nous répondons donc à ses priorités et à ses demandes avec une aide supplémentaire de 20 millions d’euros, ce qui porte, au total, l’aide de la France à près de 40 millions d’euros d’ores et déjà ; 15 avaient été annoncés dans un premier temps, ils ont été augmentés de 4 autres millions, soit aujourd’hui près de 20 millions d’euros.

J’insiste sur le fait que tous les amis du Liban, toute la communauté internationale, devront continuer leurs efforts pour l’application de la résolution, bien sûr, et pour la reconstruction. Nous devons continuer à accompagner ce pays dans son effort de redressement. Il avait fait un immense effort de réforme et nous ne voulons pas que cela soit réduit à néant par ce qui s’est passé. Nous devrons donc, avant la fin de cette année, poursuivre et amplifier le mouvement d’aide à la reconstruction du Liban. Aujourd’hui, c’est une première phase, et seulement une première phase. Je suis heureuse de voir que tous les pays ici présents ont répondu positivement et que, d’ores et déjà, des sommes très importantes ont pu être réunies pour cette première phase de reconstruction.

Je suis à votre disposition si vous avez des questions, j’y répondrai volontiers. Merci.

Q - Est-ce que, au sein de l’Europe, il y a une unanimité pour demander la levée du blocus d’Israël contre le Liban ?

R - L’Europe est engagée comme toute la communauté internationale par la résolution 1701 qui précise ce point. Nous avons lancé un appel à la levée du blocus, par la voix du président de la République lundi. Comme le Secrétaire général des Nations unies. Nous avons renouvelé aujourd’hui cet appel. Le maintien du blocus empêche le retour à la vie normale.

Q - Mais ce n’est pas la position des Américains ?

R - C’est en tout cas la lecture que nous faisons de la résolution 1701.

Q - Les organisateurs de la conférence se sont fixé comme ambition de réunir 500 millions de dollars. Mais comment va-t-on comptabiliser cette somme ?

R - Ce sera aux organisateurs de la conférence et à nos collègues suédois de faire aujourd’hui, mais en fin de journée seulement, le compte des contributions qu’ils ont pu recueillir. Mais déjà plusieurs pays ont annoncé des contributions dépassant plusieurs centaines de millions de dollars, d’autres des dizaines de millions d’euros, donc, au total, nous devrions, de ce que je comprends, mais ce n’est pas à moi de le dire, être bien au-delà de 500 millions de dollars, et sans doute même au-delà de 500 millions d’euros.

Je ne peux m’exprimer que pour la France en rappelant aussi ce que fait l’Union européenne. La France, pour vous donner des chiffres très précis, avait déjà engagé 15 millions d’euros pour une aide humanitaire de première urgence, puis 1 million pour le Programme alimentaire mondial, 1 million pour les médicaments, et 2,3 millions pour les ponts mobiles, les ponts Bailey, et le dispositif de lutte contre la pollution contre les marées noires. Donc 19,3 millions ont été annoncés, dont une grande partie est déjà payée.

L’annonce d’aujourd’hui, c’est celle de 19,3 millions supplémentaires, avec d’ores et déjà 13 millions qui viendront de l’Agence française de Développement, sous forme de prêts sur des programmes identifiés en fonction des priorités présentées par le gouvernement libanais, et un peu plus de 6 millions en dons.

Pour sa part, l’Union européenne avait, au mois de juillet, annoncé 10 millions sur le programme humanitaire d’urgence ECHO puis, à nouveau, 10 millions au moment de la Conférence de Rome, soit 20 millions, une trentaine sur un autre programme annoncée au cours de la même conférence et qui devrait pouvoir être validée dans quelques jours.

Il y a eu 11 millions d’argent européen destiné à l’Office des Migrations pour traiter de la question des personnes déplacées, et aujourd’hui, vous savez que l’Union européenne a fait une annonce supplémentaire de 42 millions d’euros. Je vous demande de vérifier tous ces chiffres parce que je vous parle de mémoire.

Cela fait, pour l’Union européenne en tant que telle, et non pour l’Union et ses pays membres, d’ores et déjà plus de 100 millions d’euros, 107, je crois. Chacun des Etats membres apporte sa contribution, notre pays étant déjà engagé pour 38,6 millions. Nous considérons qu’il faudra, je vous l’ai dit, continuer d’accompagner cet effort de reconstruction d’autres efforts sans nul doute de plus grande ampleur.

Q - Est-ce que les sommes du mois de juillet sont comptabilisées dans le total de ce soir ?

R - Il faudra que vous soyez aussi vigilants que nous-mêmes pour que l’argent ne soit pas compté deux fois. J’ai pris beaucoup de soin, mais c’est normal, à distinguer ce qui avait déjà été annoncé de ce qui constitue une annonce nouvelle, il faudra donc que vous regardiez de très près et je suis sûre que la Suède aura à cœur de faire ce travail aussi précisément que possible.

Q - Est-ce que vous avez eu des garanties de la part du gouvernement libanais sur la manière dont seront gérés les fonds ? M. Douste-Blazy avait déclaré qu’il ne fallait pas laisser l’exclusivité de la reconstruction aux milices, est-ce que là aussi vous avez obtenu des garanties ?

R - Sur le premier point, je verrai tout à l’heure le Premier ministre libanais et j’aborderai notamment ce sujet avec lui, bien sûr. Nous avons, pour l’heure, apporté notre première réponse au document du gouvernement libanais présentant des priorités nationales. Ce ne sont pas des sommes et des programmes qui sont engagés par hasard mais pour répondre à ce que sont les priorités du pays. Nous poursuivrons pour la mise en œuvre de cette aide avec un dispositif aussi précis que possible et je n’ai aucune inquiétude sur ce point.

Sur le deuxième point, les choses ont évolué depuis la semaine dernière. Le ministre des Affaires étrangères a, en effet, souhaité que certaines forces ne soient pas seules à mener directement et rapidement, des opérations d’aide aux populations. Nous avons, en particulier, lancé un appel à tous nos partenaires. Vous avez sans doute vu, à l’occasion de la conférence d’aujourd’hui, que plusieurs pays de la région ont fait des annonces importantes pour la reconstruction du Liban et ont répondu présents. C’est un premier élément de réponse. D’autre part, nos partenaires européens, comme nous-mêmes, sont déjà très engagés, et souvent dans une aide qui va directement aux populations. Parmi les sommes que j’ai citées tout à l’heure, il y aura des programmes gérés par le gouvernement, mais il y a aussi des dispositifs qui transiteront par les organisations non-gouvernementales. D’ores et déjà, les populations en bénéficient. C’était le cas pour les programmes d’aide d’urgence et d’aide humanitaire. Il faut bien sûr que les populations voient le plus rapidement possible les bénéfices de l’aide qui leur est apportée.

Je vous remercie de votre intérêt et de votre attention. Je vais voir maintenant mon collègue suédois et M. Siniora./.

Source
France (ministère des Affaires étrangères)