[…] Je sais bien qu’il y a une polémique concernant le fait que nous ayons réussi [la guerre], qui dépend peut être de ce que nous attendions au début. […] Une chose est quand même claire : à Beyrouth et dans les autres capitales du Moyen-Orient, on a compris que nous ne sommes pas prêts à tolérer une attaque contre notre souveraineté, nos citoyens ou nos soldats. […] Hier, nous avons vu Nasrallah le dire simplement dans son discours de regrets : « Si j’avais su que telles seraient les conséquences, et même si le risque était de un pour cent qu’il y ait de telles conséquences, je n’aurais jamais ordonné le kidnapping et commencé cette guerre. » […]

Quelle est la situation aujourd’hui ?

 Le Hezbollah a été repoussé de la frontière. Plus aucun poste du Hezbollah ne domine nos communes de Manara, Dovev, Avivim et Margaliot. Plus aucun poste du Hezbollah ne domine la frontière.

 La plupart des troupes de première ligne du Hezbollah ont été éliminées. Ils ont perdu des centaines d’hommes, ont eu des centaines de blessés. Cette force, qui pendant des années s’était entraînée pour nous attaquer, a été fortement ébranlée par notre aviation et notre infanterie.

 La plupart des missiles de longue portée, bras stratégique du Hezbollah contre Israël, a été détruite au cours des premières heures de la campagne militaire, par une opération brillante de l’armée de l’air israélienne, en 34 minutes seulement. […]

 Le fief du Hezbollah à Beyrouth, avec tous ses dispositifs de commandement et ses installations, a été détruit.

 Pour la première fois depuis l’éclatement de la guerre civile au Liban, il y a 35 ans, l’armée libanaise s’est déployée dans le sud du pays, sur notre frontière nord, afin d’empêcher le Hezbollah de rétablir sa menace contre nous.

 Une force internationale puissante, composée d’armées européennes, s’organise pour venir au Liban et l’aider à stopper le Hezbollah.

 Le résolution 1701 est une des réussites les plus importantes d’Israël sur la scène internationale. Si elle est pleinement appliquée, notre situation le long de la frontière nord sera infiniment meilleure qu’elle ne l’était le 12 juillet 2006.[…]

Pour la première fois, il existe une chance pour qu’un accord au Liban supprime la menace immédiate qui pèse sur Israël. Il existe une chance, ce n’est pas une certitude. Nous devons être vigilants, poursuivre les efforts diplomatiques et être prêts à user de la force pour nous défendre si besoin est, si le dispositif politique échoue. […]

Alors, est-ce que tout va bien ? Non. Tout ne va pas bien. Nous avons subi de lourdes pertes. Il est vrai qu’ils ont subi de plus grandes pertes, mais cela ne nous réconforte pas de la mort d’un seul soldat, d’une seule personne.

Nous n’avons pas réussi à arrêter les roquettes Katioucha. Il faut l’admettre – ni nous, ni personne, n’avons de solution apte à bloquer les armes à trajectoire courbe. […] Néanmoins, il faut savoir que même les roquettes tirées depuis le Liban – tout comme les Qassam en provenance de Gaza – ne sauront nous décourager.

Et par-dessus tout – nous n’avons pas encore ramené chez eux nos garçons. Le gouvernement d’Israël, avec moi à sa tête, ne ménagera aucun effort pour les retrouver et les ramener à la maison. […]

Il est vrai que tout n’a pas fonctionné comme nous l’aurions souhaité. Nous n’étions pas aussi prêts que nous aurions dû l’être […]. Nous n’avons pas toujours obtenu les résultats espérés. Tout n’a pas marché. Il y a eu des incidents. Il y a eu des défaillances. Des échecs aussi. Si le bilan général demeure positif, nous ne pouvons négliger les échecs. […] Il est de mon devoir, en tant que Premier ministre, de tout vérifier, de tirer les conclusions, d’apprendre les leçons, et de corriger tout ce qu’il y a à corriger. J’accomplirai ce devoir comme je l’ai promis dès la fin de la guerre.

Dès le premier jour, nous avons tous su que cette guerre nous coûterait cher, sur le front comme dans l’arrière pays. Nous savions que nous serions exposés à des tirs de roquettes et de missiles visant les centres de population. Nous avons fait un calcul réfléchi des risques et pris notre décision - si pas maintenant, alors quand ?

Si nous n’avions pas réagi alors, si nous nous étions de nouveau retenu face à cette grave provocation portant atteinte à notre souveraineté et au mode de vie de nos citoyens, il est possible qu’en peu de temps, nous nous fussions réveillés avec une nouvelle réalité, immensément plus difficile, dangereuse et menaçante que celle à laquelle nous avons eu à faire face. […]

J’entends bien les voix critiques. Il y a, bien entendu, les protestataires professionnels et les critiques politiques. Je les ignore. Nous connaissons tous le jeu de ceux qui flairent les opportunités politiques ou de ceux qui se laissent enivrer par les sondages. Mais, il y a aussi une authentique critique, franche, venant du cœur – celle des réservistes, des citoyens, de tous ceux qui sont motivés par l’amour et non par la haine. Ils se lèvent et protestent, également contre moi. Je les écoute et respecte ce qu’ils ont à dire.

Ils ont raison sur certains points, et je suis en désaccord avec eux sur d’autres. Quoi qu’il en soit, la question est de savoir ce que l’on fait de cette critique […] Il faut s’en servir pour rectifier ce qu’il y a à rectifier.

Au cours des derniers jours écoulés, je me suis penché sur cette question. J’ai consulté de nombreuses personnes, dont le Procureur général, beaucoup d’experts dans le domaine de la sécurité, le gouvernement et la justice, ainsi que mes collègues ministres. J’ai surtout réfléchi à mes devoirs en tant que Premier ministre, qui porte la responsabilité suprême non seulement pour ce qui a été, mais aussi pour ce qui sera et ce qui pourrait être. […]

Tout cela, alors que les combats n’ont pas complètement cessé, que des soldats de Tsahal sont toujours au Liban, que les tirs peuvent encore reprendre, que la menace n’a pas encore été écartée. Et […] nous devons nous préparer à la menace venant d’Iran et de son Président qui nous hait. Nous n’avons pas de temps à perdre en années d’investigations sur le passé, ce qui n’a rien à voir avec le fait d’en tirer les leçons ou de se préparer pour l’avenir. […]

Ce dont nous avons besoin, c’est d’une enquête professionnelle et efficace pour examiner en profondeur les sujets en question, tirer les conclusions et apprendre les leçons. […]

Mon gouvernement va nommer une commission d’enquête présidée par Nahum Admoni, ancien chef du Mossad. Elle sera également constituée du général de réserve Yedidya Yeari, du Prof. Ruth Gabison et du Prof. Yehezkel Dror.

Cette commission aura pour mission d’examiner le fonctionnement du gouvernement, ses procédures, son processus de prise de décisions, ainsi que toute autre chose sur lesquelles il lui semblera opportun d’enquêter. Le gouvernement ne sera pas exempt d’enquête professionnelle et de critiques.

Les forces de sécurité mèneront de leur côté, dans la mesure de leurs compétences, une investigation minutieuse afin d’opérer les changements nécessaires quant à l’état de préparation de Tsahal, sa doctrine de combat et la structuration de ses forces, à la lumière des leçons de cette guerre et des scénarii menaçants.

Le gouvernement demandera au contrôleur de l’Etat d’effectuer une enquête étendue et exhaustive sur les défaillances de l’état de préparation de l’armée face à la menace des missiles et des roquettes. Ainsi, les trois structures, politique, militaire et civile, seront examinées.

[…] A long terme, Israël sortira de cette épreuve plus résistant, plus fort, et mieux préparé aux défis de l’avenir et à ses opportunités. […]

Le gouvernement est résolu à mener une action d’ampleur pour renforcer le nord du pays et la ville de Haïfa, en mettant l’accent sur la réhabilitation physique des zones touchées, mais aussi en allouant des budgets spéciaux à l’éducation, aux populations défavorisées, aux foyers monoparentaux, aux nouveaux immigrants, aux minorités, aux citoyens seniors […], aux enfants en danger et aux quartiers défavorisés. […]

Maintenant, je voudrais juste que nous pensions aux personnes suivantes :

 Les familles des victimes – familles des personnes décédées dont la douleur est insupportable. Nous n’oublierions pas.

 Les blessés qui sont toujours à l’hôpital, luttant pour récupérer, pour se rétablir et revenir à leur vie. Nous n’oublierons pas.

 Les citoyens qui retrouvent leurs maisons en ruine et méritent un soutien généreux et constructif. Nous n’oublierons pas.

 Les employés, les indépendants et les chefs d’entreprise – petites, moyennes ou grandes – qui étaient les premiers à subir les dégâts économiques, et risquent la faillite. Nous n’oublierons pas.

 Les réservistes qui sont rentrés chez eux, certains déçus ou en colère, et qui doivent rattraper ce qu’ils ont manqué. Nous n’oublierons pas.

Nous n’oublierons pas Gilad Shalit, qui fête aujourd’hui ses 20 ans. Je profite de cette occasion pour envoyer mes sentiments chaleureux, en mon nom et au nom de vous tous, à Gilad et à sa famille qui craint tellement pour lui, et à tous ceux qui l’aiment.

Udi Goldwasser et Eldad Regev. Nous n’oublierons pas.

Source
Israël (Premier ministre)