En Centrafrique, les commis aux affaires indigènes Léopold Gaud et Georges Toqué, sont deux sadiques à qui la colonie donne les moyens d’assouvir leurs passions. Dans les registres où Toqué note ses décisions, les mots « à fusiller » reviennent fréquemment. Gaud ordonne de cuire une femme vivante dans un four.
Pour célébrer dignement la fête nationale, Gaud décide d’offrir, le 14 juillet, un supplice en spectacle à la population. Le condamné aura un bâton de dynamite attaché au cou. « Ça a l’air idiot, explique Gaud, mais ce pétard sanglant médusera les indigènes. Si après ça, ils ne se tiennent pas tranquilles !  » L’explosion a déchiqueté la victime sous les yeux d’une foule stupéfaite. Cette nouvelle provoque de l’émoi en métropole et on les suspend. Durant le procès à Brazzaville, Toqué décrit le recrutement des porteurs dans des villages réfractaires à toute servitude. Obéissant à une circulaire, ils organisent des camps d’otages destinés aux femmes indigènes et à leurs enfants pour convaincre les hommes de fournir gratuitement leur travail. Elles sont nombreuses à y mourir de faim ou à être attribuées comme esclaves aux tirailleurs. Gaud et Toqué seront condamnés, mais avec sursis pour circonstances atténuantes.
Source : L’Empire triomphant, 1871-1936 par Gilbert Comte et Jean Martin, Denoël éd., 1990.