La prise en charge par l’OTAN de l’entraînement des forces de sécurité irakiennes, annoncée aujourd’hui, confirme l’éloignement progressif de l’armée états-unienne du front pour mieux assumer sa vocation stratégique primordiale dans le pays, révélée en mars dernier par le général Garner : l’établissement de bases permanentes et le contrôle des ressources. Richard Murphy, qui pour sa part travaille au sein du Council on Foreign Relations à la prise en charge de l’Arabie Saoudite par les États-Unis, met en garde John Negroponte au sujet des promesses illusoires de « transfert de souveraineté » que ce dernier va dorénavant devoir s’efforcer d’honorer. En effet, explique-t-il pratiquement sans détours, si la présence permanente d’une telle force armée exclut en vérité toute notion de souveraineté, il faudra au moins préserver les apparences du mieux que possible pour ne pas trop froisser le peuple irakien.
Dans ce contexte de mondialisation du choc des civilisations, le Premier ministre irlandais Bertie Ahern rappelle quant à lui ce qui lie fondamentalement le bloc occidental, à savoir les intérêts économiques. Ce qu’il nous dit qu’en définitive, c’est que tant que les pays atlantistes pourront jouir ensemble des richesses que la « guerre au terrorisme » aura sécurisées, se chamailler sur la forme que prendra cette domination demeurera inutile.
Dans cette même optique de hyènes autour d’une carcasse, si l’on fait abstraction du cynisme qui caractérise la vision anglo-saxonne, Edouard Balladur se répand dans une indignation bien compréhensible au sujet du respect que doit la fougueuse Amérique à sa vieille nourrice européenne. Comme l’a fait Michel Rocard auparavant, il met en avant l’expérience de l’Europe comme contrepartie à la puissance états-unienne et prêche une morale de la complémentarité plutôt que l’adversité. On pourrait cependant lui renvoyer précisément l’argument anglo-saxon : si la compétition économique généralisée est maintenant indiscutable, nos différences ne nous mettent-elles pas fatalement dans une trajectoire de collision ? De plus, on notera dans sa tentative de démonstration l’absence d’un acteur de poids pour l’avenir : la Russie, amenée à devenir le moteur de l’Europe grâce à ses ressources naturelles.
Au sujet de cette Europe de la défense complémentaire de la force états-unienne si chère à M. Balladur, les ministres de la défense grec, tchèque et portugais font état dans Le Figaro de leur inquiétude quant au déséquilibre qui pourrait se dessiner à l’intérieur de l’Europe cette fois. La construction de l’Europe de la défense, si ardemment soutenue par les principaux intéressés il y a quelques mois (voir le texte des dirigeants de Thales, EADS et BAE, Tribunes Libres Internationales n°140), pourrait en effet profiter davantage aux pays du sommet de la chaîne technologique, pourtant propulsés par un mouvement d’ensemble. Ils insistent donc sur le partage des fruits de cette construction autant que des efforts nécessaires à la réaliser.
Membre d’une fondation financée par George Soros, qui surveille de près certains intérêts pétroliers sous couvert de bons sentiments, Zainab Bangura veut nous faire croire que la guerre qui a déchiré le Liberia durant onze ans est le fait d’une seule et unique incarnation du mal nommée Charles Taylor. Outre le fait qu’il ne fut qu’un pion dans une guerre instrumentalisée depuis nos contrées pour de juteux contrats, ce dernier a peut-être eu le tort d’ajouter l’indépendance financière à la barbarie : il s’est appuyé essentiellement sur la vente de diamants pour semer la destruction et le chaos. Quant à la pertinence du Tribunal pénal international sur cette question, est-il vraiment nécessaire de rappeler que tout procès sera une insulte à l’Afrique tant que certaines compagnies pétrolières ne figureront pas au banc des accusés ?
Enfin, le membre de l’International Crisis Group Robert Malley, également proche de George Soros mais cette fois en tant qu’opposant à George W. Bush, dresse un constat lucide sur la bataille électorale avec en décor de fond le cauchemar irakien. Au passage il souligne les atouts de Bush et fait des remontrances à John Kerry pour sa couardise, l’invitant pour changer à bomber le torse en présentant un programme politique.