Ce n’est pas étonnant que les Saoudiens ne trouvent pas les terroristes qui décapitent, tuent par bale, posent des bombes ou organisent des kidnappings dans leur pays : ils cherchent au mauvais endroit et les mauvaises personnes. En effet, le prince régent Abdallah a attribué les attaques sur le royaume au « sionisme »et aux « disciples de Satan » (il faut comprendre par là les chrétiens et les juifs, les Américains et les Israéliens). Toutefois, les sionistes restent pour lui les principaux responsables.
Ce n’est pas une tocade d’un dirigeant isolé car le ministre des Affaires étrangères saoudien a également affirmé que les réseaux sionistes disséminés dans le monde menaient une campagne contre l’Arabie saoudite. Les autorités syriennes ont également ce type de discours et ils ont récemment accusé le Mossad d’être derrière une tentative de meurtre d’un dirigeant du Hamas dans un camp de réfugiés sur leur territoire. À les croire, les sionistes et le Mossad sont derrière Al Qaïda et le terrorisme en général. Si c’est le cas, pas la peine de mener des enquêtes dans le royaume où presque tout le monde est anti-sioniste. Pourquoi regarder les liens de certains membres de la famille royale avec les terroristes ? Pourquoi regarder la haine des non-musulmans qui est enseigné dans les écoles saoudiennes ? Pourquoi s’intéresser aux sondages décrivant le soutien dont bénéficie Ben Laden ? Regardons plutôt le bouc émissaire traditionnel : les juifs.
La décapitation de Paul Johnson va pousser les autorités à s’intéresser à leurs extrémistes, mais ça ne durera pas car les combattre réellement reviendrait à devoir s’intéresser aux forces de sécurité du royaume et même à la famille royale. L’Arabie saoudite ne sera jamais une nation tant qu’Abdallah sera en poste. Elle restera une station à essence familiale, mais malheureusement le successeur d’Abdallah pourrait bien être pire.
Quel charmant endroit !

Source
Jerusalem Post (Israël)

« Saudi scapegoating », par Alan M. Dershowitz, Jerusalem Post, 30 juin 2004.