Le lundi 28 juin 2004 a ouvert une nouvelle étape dans la démocratisation de l’Irak et il faut la saluer. Grâce à cette souveraineté, le peuple irakien peut enfin jouir de son autonomie et se gouverner sans peur, pour la toute première fois depuis plusieurs décennies. Grâce à la détermination et au courage de la coalition qui a libéré l’Irak, le régime de Saddam Hussein, l’un des plus cruels de l’histoire contemporaine, a pris fin. Dans les termes du Conseil de sécurité des Nations unies, ce régime constituait une menace multiple pour la stabilité régionale et mondiale ; il terrorisait le peuple irakien et les pays voisins.
Saddam Hussein devra répondre devant la justice de son peuple. Son régime appartient au passé et les principaux bénéficiaires de sa chute sont les Irakiens eux-mêmes : à eux d’en tirer parti. Il reste encore beaucoup à faire pour réparer les dommages de l’ancien régime, mais on peut déjà noter des progrès avec l’aide des membres de la communauté internationale, qui vont participer à la reconstruction du pays et qui se sont engagés à lui octroyer plus de 32 milliards de dollars. Les infrastructures pétrolières de l’Irak sont en voie de réhabilitation, et aujourd’hui le pays peut produire près de 2,5 millions de barils par jour. Pour l’année 2004, le budget du ministère de la Santé dépasse le milliard de dollars contre 16 millions sous l’ancien régime, la fréquentation scolaire a été égale ou supérieure à celle que l’on constatait avant la libération du pays. Plus de 8 millions de livres scolaires, expurgés de la propagande de Saddam Hussein, ont été distribués dans l’ensemble du pays. Le peuple irakien a accès aujourd’hui à une information vaste et variée. Enfin, le dinar irakien s’est stabilisé et a repris 25 % de sa valeur par rapport à son niveau le plus bas.
La sécurité reste un problème en Irak, et c’est la priorité du nouveau gouvernement. Les fidèles de l’ancien régime et les terroristes opposés à toute réforme s’efforcent encore de déstabiliser le pays mais le Premier ministre irakien a indiqué que le nouveau gouvernement s’était engagé sur la voie du rétablissement de la sécurité. A l’heure actuelle, plus de 200 000 policiers et membres des forces de sécurité sont opérationnels dans le pays et leur nombre devrait encore croître. La sécurité s’améliore mais un "noyau dur" du terrorisme a clairement indiqué son intention de s’opposer à toute réforme positive par des actes de violence à l’égard des citoyens irakiens, des membres des forces de sécurité, des travailleurs humanitaires, du personnel des organisations internationales et des citoyens oeuvrant à la reconstruction du pays. Iyad Allaoui, vient d’annoncer un plan global pour la sécurité de l’Irak qui prévoit la création de cinq divisions pour la nouvelle armée irakienne, un commandement unique des différentes forces de sécurité, le développement des services de lutte contre le terrorisme, la mise en place d’un Conseil de sécurité nationale au niveau ministériel ainsi que la création de structures destinées au démantèlement des milices locales et à la réintégration de leurs membres dans les forces de sécurité irakiennes.
Le processus d’aide aux Irakiens pour faire de leur pays une démocratie stable et prospère sera long. Les Nations unies ont demandé aux Etats membres d’apporter un soutien très ferme dans ce sens, par ailleurs les Etats-Unis et leurs alliés restent engagés dans ce processus. Le nouveau Premier ministre a demandé "le soutien constant de la communauté internationale" dans ce processus qui va permettre aux Irakiens d’assumer la responsabilité de leur avenir. Les membres de la communauté internationale qui chérissent la liberté doivent répondre à cet appel.

Source
Libération (France)
Libération a suivi un long chemin de sa création autour du philosophe Jean-Paul Sartre à son rachat par le financier Edouard de Rothschild. Diffusion : 150 000 exemplaires.

« Une chance pour l’Irak », par Howard H. Leach, Libération, 2 juillet 2004.