John Kerry a choisi son colistier dans le ticket démocrate. Ce sera John Edwards, sénateur de Caroline du Nord, avocat devenu richissime en obtenant les plus importants dommages et intérêts de l’histoire de son État. Durant les primaires, il a mis en avant le thème des « deux Amériques », version locale de la « fracture sociale » entre « petits » et « gros ». Il a également été désigné par le magazine People comme l’homme le plus sexy de l’année 2000. Ce choix suscite des analyses contradictoires.
Pour le démocrate Sydney Blumenthal dans The Guardian le choix d’Edwards est judicieux. Il permet de concurrencer Bush dans le Sud traditionnellement républicain. En effet, le sénateur démocrate s’inscrit selon lui dans la tradition politique de type poujadiste de ces États qu’il peut facilement incarner grâce à son parcours. Pour le conservateur Pat Buchanan dans le Washington Times, le choix d’Edwards est avant tout une question d’image et a été imposé à Kerry pour compenser son manque de charisme. Max Boot, dont on ne sait toujours pas s’il votera Bush ou Kerry, présente également Edwards dans le Los Angeles Times comme un simple faire valoir du terne candidat Kerry. Pour lui, c’est un coup marketing inutile puisque Kerry ne devra son élection ou sa défaite qu’aux succès ou aux échecs de l’administration Bush. Tout ce que Kerry a donc à faire, c’est se présenter comme un recours possible en cas d’usure de Bush pour pouvoir, à sa suite, poursuivre la politique impériale.
Il semble acquis désormais que l’actuelle politique étrangère états-unienne sera poursuivie, mais encore faut-il pouvoir compter sur des troupes valides et des supplétifs dociles.
Or, le moral des GI’s en Irak est au plus bas. On note une multiplication des désertions dans l’armée états-unienne lors des permission. Richard J. McNally, professeur de psychologie spécialiste du stress post-traumatique, revient dans le Los Angeles Times sur le rapport du colonel de l’US Army Charles Hoge affirmant qu’un soldat états-unien revenant d’Irak sur six souffre de maladies mentales. Tout en reconnaissant la gravité des symptôme mis en lumière par l’enquête et demandant un traitement adéquat, il refuse la désignation pathologique des comportements observés. Pour lui, il s’agit de stress compréhensible dû aux horreurs de la guerre, pas d’une pathologie. On notera avec inquiétude que la présentation comme une pathologie de comportements contraires à ceux attendus par l’État est une constante des régimes fascistes.
En ce qui concerne les supplétifs, Charles Wolf Jr. de la Rand Corporation fournit aux lecteurs de l’International Herald Tribune une méthode permettant aux États-Unis de savoir qui est « pour eux ou contre eux ». Il identifie sept questions internationales importantes pour Washington et recherche quels sont les pays qui s’alignent le plus sur les États-Unis. Il conclut de cette étrange méthode de classement (le cas taiwanais faisant l’objet de deux questions compte double, mais la politique étrangère en Amérique du Sud et en Afrique n’est pas évoquée) que désormais la France et l’Allemagne ne peuvent plus être considérés comme des alliés car leurs intérêts s’opposent à ceux des États-Unis. Aux lecteurs de tirer les conclusions qui s’imposent.

Enfin, dans un texte publié avant la décision de la Cour de justice internationale de La Haye, la militante des Droits de l’homme israélienne Jessica Montell dénonçait dans le Los Angeles Times la décision en trompe l’ ?il de la Haute cour de justice israélienne demandant des retouches du tracé du mur d’annexion en Cisjordanie tout en validant son principe. Pour l’auteur, il s’agissait avec cette décision de donner des gages mineurs aux Palestiniens et à la communauté internationale pour atténuer les effets d’une condamnation annoncée d’Israël sur ce point. Aujourd’hui, la Cour a rendu son « avis consultatif » précisant que le Mur constituait un « fait accompli » pouvant mener à une annexion de facto qui empiétait gravement sur le droit à l’autodétermination des Palestiniens.