Le stratège démocrate Zbigniew Brzezinski dresse le constat amer de la perte de crédibilité internationale des États-Unis. Il remarque, dans le Washington Post, que les erreurs de l’administration Bush ne pourront être réparées qu’au prix d’une réorientation profonde de la politique en cours. Celle-ci inclut notamment l’abandon de l’unilatéralisme et de la doctrine des frappes préventives.
L’ancien inspecteur de l’ONU, Scott Ritter, témoigne dans le Christian Science Monitor de la préparation de la résistance irakienne au cours des dernières années : des cours de guérilla étaient dispensés au sein du régime de Saddam Hussein aux hommes du M21. Contrairement à ce que prétend l’administration Bush, la résistance actuelle n’est donc pas imputable à des combattants étrangers infiltrés en Irak, mais aux cadres de l’ancien régime qui n’ont pas été vaincus militairement et s’étaient préparés à cette situation.
Le Washington Post publie le point de vue contradictoire de deux sénateurs. Pour le démocrate Joseph R. Biden Jr, il est temps de prendre acte de la réalité et de reconnaître que les États-Unis ne peuvent pas régler, seuls, le problème irakien. Il faut confier l’occupation militaire à l’OTAN et la transition politique à l’ONU ; un programme qui semble désormais être celui des démocrates, notamment du général Wesley Clark, pour l’élection présidentielle. Au contraire, le républicain John McCain, héros de la guerre du Vietnam, craint par-dessus tout que le désenchantement en Irak ne conduise à la défaite et à l’humiliation de la plus grande puissance du monde. Il préconise donc à la fois de renforcer les troupes d’occupation et d’appliquer les techniques de contre-insurrection.
Tony Blair, qui paraît très embarrassé par le prochain voyage de George W. Bush au Royaume-Uni a tenté de désamorcer la contestation à l’occasion d’un discours prononcé au Lord Mayor’s banquet de Londres, dont The Independant reproduit des extraits. Le Premier ministre anglais souligne qu’un échec états-unien en Irak serait préjudiciable à tous, Irakiens et Britanniques inclus. Il exhorte donc ses concitoyens à ne pas se déchirer à propos du passé et à s’atteler plutôt à réussir le défi irakien.

L’ancien Premier ministre Benazir Bhutto observe dans Gulf News le trucage des élections pakistanaises, condamné par l’Union européenne, mais ignoré par Washington. Le département d’État est en effet convaincu, à tort, qu’il doit choisir entre le général Musharraf et sa dictature militaire ou une dictature religieuse. Il existe pourtant une alternative, la démocratie, qui s’appuie sur une réalité populaire et est défendue par des parlementaires.
Daniel Wilkinson, d’Human Right Watch, alerte les lecteurs du Washington Post à propos d’un possible retour aux affaires de l’ex-dictateur guatémaltèque Efrain Rios Montt. Convaincu par une commission de l’ONU d’être responsable de crimes de masse, il n’a jamais été jugé et menace aujourd’hui d’ensanglanter à nouveau son pays.
Enfin Sinha Ratnatunga, rédacteur en chef du quotidien sri lankais Sunday Times, contourne la censure et l’état d’urgence en s’exprimant dans Gulf News. Les Tigres tamouls ont présenté la semaine dernière leur plan de paix, dans le cadre du processus engagé sous l’égide de la Norvège. Considérant qu’il conduit à terme à une partition de l’île, le parti présidentiel l’a immédiatement rejeté et la présidente Chandrika Kumaratunga a décrété l’État d’urgence pour empêcher le gouvernement de l’accepter. De retour des États-Unis où il était en voyage officiel, le Premier ministre, qui est favorable aux négociations, s’apprête à convoquer le Parlement où il dispose d’une confortable majorité. Dans ce bras de fer, c’est en définitive l’opinion de la population du Sud qui fera la différence.