Depuis la démission de George Tenet et James Pavitt, respectivement directeur et responsable des opérations de la CIA, on s’attendait à une large remise en cause des services de renseignement, qui permettrait d’une part de leur faire porter le chapeau pour l’ « incompétence » du 11 septembre 2001 et les armes de destruction massive irakiennes, mais aussi de les réorganiser et pourquoi pas leur donner de nouveaux pouvoirs. Malheureusement nulle part il n’est question de repenser véritablement le rôle de ces agences et les intérêts qu’elles servent le plus souvent. Ainsi aux États-Unis, le sénateur démocrate Richard Durbin demande dans une tribune du Washington Post que la CIA ait un rôle plus prépondérant dans les décisions de politique étrangère, au lieu de n’être qu’un instrument de l’administration en place. Flynt Leverett, lui-même analyste à la CIA, formule dans le New York Times des reproches identiques mais va encore plus loin en défendant une réorganisation strictement pyramidale des services de renseignement états-uniens, sous la direction d’une seule personne. Également consultant pour la CIA mais peut-être moins ambitieux, le professeur de sciences politiques à Columbia Robert Jervis réfute les conclusions de la Commission du renseignement du Sénat qui attribuait la responsabilité des erreurs d’appréciation sur les armes de destruction massive à une faiblesse d’esprit de la part des services. Au contraire, d’après lui, il faut regarder du côté des dirigeants.
Pour ce qui concerne le Royaume-Uni, Robin Cook, ancien ministre des Affaires étrangères travailliste et anti-guerre, préfère lui aussi s’en prendre à Blair et lui reproche dans le Guardian d’avoir écarté les rapports qui mettaient en doute l’existence des armes.

En réponse à l’autobiographie de Bill Clinton dans laquelle il accuse le juge Kenneth Starr d’acharnement partisan lors de l’affaire Lewinsky, ce dernier riposte dans en renvoyant la balle du côté démocrate. Il explique dans une tribune du Wall Street Journal que sans le concours de la secrétaire à la justice Janet Reno, l’enquête n’aurait pas pris une telle ampleur.

Depuis les récents attentats en Arabie Saoudite contre des intérêts occidentaux, on peut constater que les débats à propos de ce pays se déroulent sur plusieurs niveaux. Outre l’attitude ouvertement belliqueuse de la droite néo-conservatrice états-unienne, il y a des raisons de s’inquiéter aussi de la politique défendue par une frange normalement plus modérée. Ainsi Rachel Bronson du Council on Foreign Relations retrace dans le Los Angeles Times l’histoire de la relation privilégiée entre les deux pays et la fait remonter à l’ère Reagan, en négligeant un fait essentiel : nous sommes à quelques mois de l’échéance de l’accord du Quincy, qui a véritablement posé les bases de leur coopération militaro-pétrolière. Elle occulte donc par la même occasion un facteur qui expliquerait des pressions exercées par Washington sur Riyad.