La vocation de la coalition était de libérer l’Irak et le monde de la menace posée par Saddam Hussein et ses armes de destruction massive, suite au non-respect des résolutions de l’ONU et à son refus d’accepter les demandes de la communauté internationale. Le gouvernement australien est fier d’avoir joué un rôle dans cet effort.
Nous restons engagé dans la construction d’un Irak libre, démocratique et prospère. Maintenant, les Irakiens vont prendre la direction de l’avenir de leur pays mais ils ne peuvent pas vaincre les terroristes seuls. Aussi, le gouvernement australien reconnaît la nécessité de rester sur pace et demande à la communauté internationale, suite à l’adoption de la résolution 1546, d’aider le nouveau gouvernement.
Au delà de l’Irak dans la région Asie-Pacifique, la Jemaah islamiah et d’autres groupes terroristes n’ont pas été vaincus. Nous devons rester déterminés et accroître nos efforts pour vaincre les terroristes et la menace posée par la prolifération des armes de destruction massive.

« Sida, miroir de nos carences »

« Sida, miroir de nos carences », par Koïchiro Matsuura, Le Figaro, 13 juillet 2004.

Depuis près d’un quart de siècle, l’épidémie de Sida ne cesse de s’étendre ; 34 à 46 millions de personnes sont infectées aujourd’hui par le virus, dont 26 millions en Afrique. Un cinquième des individus infectés par le virus vivent en Asie. Aujourd’hui, nous ne disposons que de traitements qui permettent aux personnes infectées de vivre une vie presque normale, mais pas de vaccins. Malheureusement, les malades sont au Sud et les traitements au Nord : dans les pays les plus touchés, le Sida sape les conditions même de la lutte contre le Sida en détruisant les forces vives des nations. Toutefois, le Sida n’est pas une fatalité et nous pouvons, tous ensemble, faire reculer la maladie.
La première priorité est l’accès universel au traitement. Le programme Onusida, dont je préside cette année le comité des organisations co-sponsors, et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, ont rappelé récemment que l’accès au traitement est une urgence mondiale. Ils ont lancé, avec leurs partenaires, l’initiative « 3 par 5 », qui vise à fournir un traitement à trois millions de malades des pays du Sud d’ici à fin 2005. Il faut organiser un véritable partenariat mondial regroupant États, organisations internationales et ONG pour soutenir ce programme. Aujourd’hui, 1% à peine des personnes actuellement infectées en Afrique savent qu’elles le sont. Elles ne se font donc pas traiter et continuent à transmettre le virus. Si nous souhaitons que toutes les personnes infectées se fassent dépister, nous devons pouvoir leur proposer des traitements dès le début de leur infection. Pour cela, il faut un vaste effort de solidarité, afin d’étendre l’usage des trithérapies, et mettre au point de nouveaux traitements.
La deuxième priorité est le développement de la recherche. La recherche doit progresser et mettre au point des traitements peu coûteux et bien tolérés, utilisables en première ligne ou en complément des trithérapies. L’OMS a déjà obtenu des résultats. Face aux échecs subis dans la recherche d’un vaccin préventif, la recherche devrait d’abord s’orienter vers la mise au point d’un vaccin thérapeutique, complément des traitements actuels, qui, selon les chercheurs, peut être mis au point dans un délai raisonnable.
La troisième priorité est de diminuer la propagation du sida en accélérant la prévention. En l’absence de vaccin, c’est la méthode la plus efficace mais elle est souvent impuissante, surtout quand les femmes ne sont pas réellement libres de choisir les modalités de leurs relations et leurs moyens de protection. Elle se heurte aussi à la pauvreté ou à la situation chaotique dans certaines régions du monde touchées par la guerre. Traitement, prévention, éducation et information doivent aller de pair, afin que les médicaments et le savoir puissent parvenir ensemble au plus grand nombre. Au Brésil, en Thaïlande, au Sénégal, en Ouganda ou en République dominicaine, les taux d’infection ont diminué grâce à des politique adaptées aux cultures locales. Il n’y a pas que les pays riches qui ont réussi à endiguer l’épidémie. La diversité des situations est finalement porteuse d’espoir : elle signifie que, dès lors qu’existe une volonté politique, celle-ci ne tarde pas à porter ses fruits. Nous sentons aujourd’hui son émergence à l’échelle planétaire, y compris au sein du G 8. Car le sida n’est pas le destin de l’humanité : il est le miroir de ses carences. Ensemble, nous pouvons le faire reculer.

Source
Le Figaro (France)
Diffusion 350 000 exemplaires. Propriété de la Socpresse (anciennement créée par Robert Hersant, aujourd’hui détenue par l’avionneur Serge Dassault). Le quotidien de référence de la droite française.

« Sida, miroir de nos carences », par Koïchiro Matsuura, Le Figaro, 13 juillet 2004.