Aujourd’hui nous arrivons à la moitié de l’ultimatum de 30 jours du Conseil de sécurité de l’ONU au gouvernement soudanais. Il semble que Khartoum n’acceptera pas, espérant que la communauté internationale n’agira pas bien que les annonces d’attaques contre des civils soient quotidiennes. Il s’agit d’une guerre d’un gouvernement contre sa population. Le gouvernement soudanais ne fait rien pour empêcher les exactions, il cherche seulement à les dissimuler en enrôlant les miliciens dans les troupes régulières et en forçant les habitants du Darfour à revenir dans leur village où ils subissent à nouveau des violences. D’après Amnesty International, ceux qui parlent aux observateurs internationaux sont emprisonnés.
L’attitude de Khartoum n’est pas surprenante compte tenu de celle de certains membres de la communauté internationale qui démontrent qu’il n’existe pas de volonté politique d’intervention militaire dans le pays. Khartoum a bien compris que des États étaient parvenus à adoucir le texte de la résolution 1556 en supprimant les sanctions explicites. Cette situation démontre une fois de plus que le système qui régit l’ONU ne fonctionne pas et ne permet pas de faire respecter les Droits de l’homme. Quatre des États opposés aux menaces claires contre le Soudan, la Russie, la Chine, l’Algérie et le Pakistan, ont un piètre bilan concernant les Droits de l’homme et ont donc un fort intérêt à défendre l’inviolabilité de la souveraineté nationale. Deux de ces pays ont même un droit de veto parce qu’il y a 60 ans, ils étaient du côté des vainqueurs.
Le droit de veto des autres pays n’est pas moins anormal. L’Amérique a utilisé ce droit 79 fois pour défendre Israël, pour continuer ses exactions en Amérique du Sud et, avec le soutien de la Grande-Bretagne, et parfois de la France, pour défendre le régime d’apartheid sud-africain dans les années 70-80. Si Tony Blair est sérieux avec sa « doctrine de la communauté internationale », il doit soutenir la proposition de confier l’autorité à l’ONU à l’Assemblée générale.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« In Darfur, the UN veto is proving as deadly as the gun », par David Clark, The Guardian, 14 août 2004.