Le rapport de la Commission indépendante sur le 11 septembre est un succès de librairie. Le chroniqueur culturel du Washington Post, Philip Kennicott, explique ce phénomène par le style littéraire du document. Loin de la sécheresse administrative, il adopte « une approche romancée ». Cette remarque, qui se veut positive, ne peut qu’inquiéter le lecteur étranger. Elle illustre le fait que ce rapport ne vise pas à élucider les évènements, mais à narrer un mythe collectif qui fonde la nouvelle politique impériale des États-Unis. Le professeur Adel Safty relève, quant à lui, dans Gulf News que les membres de la Commission ont indiqué publiquement s’être tournés vers l’avenir plutôt que vers le passé, c’est-à-dire s’être consacrés à des propositions de réforme des services de renseignements et avoir renoncé à expliquer les faits. Il s’étonne aussi du refus d’établir des responsabilités états-uniennes dans les erreurs d’appréciation sur la supposée implication de l’Irak dans les attentats. La Commission se contente de stigmatiser des intoxications de services de renseignement étrangers en prenant soin d’omettre Israël.
En marge de ce débat, le député républicain Peter King déplore dans le Washington Times que l’on n’entende plus dans les médias qu’un groupe de familles de victimes hostile au président Bush. Cela donne l’impression erronée que toutes les familles de victimes appellent à voter démocrate.

The Independent publie la réponse du ministre britannique de l’Intérieur, David Blunkett, à ses articles sur les atteintes aux Droits de l’homme commises dans l’hystérie anti-terroriste. Le ministre récuse l’imputation selon laquelle seules 14 personnes sur 600 interpellées pour terrorisme auraient été inculpées. Il affirme qu’en fait plus de la moitié ont été inculpées. Cependant cette réponse n’est qu’une pirouette : les quelques 300 inculpations dont il parle portent sur des affaires de séjour irrégulier et n’ont aucun rapport avec le terrorisme.

L’analyste Dilip Hiro alerte les lecteurs du New York Times sur l’absence de stratégie états-unienne face à la communauté chiite d’Iran dans le contexte de l’occupation de l’Irak. Il note les nuances de l’opinion publique iranienne et son ouverture au dialogue avec les États-Unis, contrastant avec les préjugés en vogue à Washington.
Loin de ces subtilités, le porte-parole des Moudjahidines du peuple, Behzad Naziri, appelle dans l’International Herald Tribune à la fermeté avec le régime des mollahs. Il reproche à l’Iran, à juste titre, les excès de la révolution khomeyniste, il y a vingt ans, et feint de croire que la situation n’a pas évolué. Il s’abstient de rappeler les attentats récemment commis par son organisation. Et, sur la base de cette vision déformée de la réalité, il exhorte la communauté internationale à intervenir contre son propre pays. Ce faisant, il se poursuit inexorablement la politique des Moudjahidines du Peuple qui les conduisit à s’engager dans les troupes irakiennes contre son pays, puis à servir d’escadron de la mort pour le tyran de Bagdad, et aujourd’hui à se placer sous la protection des néo-conservateurs.

Enfin, le chroniqueur militaire du Los Angeles Times, William M. Arkin, s’étonne du déploiement du premier composant de défense nationale anti-missiles. Vingt ans après le lancement du projet de Guerre des étoiles par Ronald Reagan, l’idée du bouclier anti-missiles a fait long feu. Ce système a été conçu pour parer à une attaque intercontinentale de l’URSS, mais l’Union soviétique a disparu et il n’existe plus aucune menace balistique de cette nature. En outre, la doctrine des frappes préventives à précisément pour objet de détruire l’adversaire avant qu’il ne soit en mesure de poser une menace balistique. Pourtant, sous l’impulsion des néo-conservateurs, ce programme d’armement inutile et coûteux se poursuit inexorablement au risque de relancer la course mondiale aux armements et de placer les États-Unis en situation de danger.